Travailler dans le cinéma : "C’est 50% d’artistique et 50% de relationnel"

Monteuses, assistants de production, distributrices… Au-delà des très visibles réalisateurs ou comédiens, une multitude de professionnels concourent à la fabrication et à la vie d’un film. Plus ou moins connus du grand public, ces métiers du cinéma offrent des débouchées multiples.
En France, le secteur audiovisuel représente près de 13.000 entreprises et plus de 250.000 salariés. Parmi cette foule de professionnels, des corps de métiers variés, plus ou moins connus du grand public, collaborent pour que les films se fraient un chemin jusque dans les salles obscures. "Le cinéma est un secteur collectif, on ne fait pas un film seul", confirme Louise, assistante de production pour une société parisienne.
Depuis quelques mois, elle travaille auprès d’un producteur. "C’est la personne qui réunit les conditions matérielles et financières pour qu’une œuvre voit le jour", résume-t-elle. Celui-ci est ainsi chargé du financement d’un film mais aussi de s’assurer du bon déroulement de son écriture, de son tournage et de sa diffusion.
Selon la taille de la structure, les missions d’une assistante de production sont plus ou moins diverses. "Je travaille pour une société plutôt petite donc j’ai des tâches variées. Je peux être sollicitée pour la constitution de dossiers de financements, la veille de diffusion de nos œuvres à la télévision, mais aussi pour un retour critique sur les œuvres…", liste Louise.
"Le cinéma, c'est beaucoup d'échanges"
Au quotidien, une assistante ou un assistant de production est amené à faire le lien entre différents postes de la création d’un film (producteur, réalisateur, comédiens, techniciens …). "Il faut être sociable, mais aussi organisé, débrouillard, curieux …", souligne Louise. De même, Coline Crance-Philouze, directrice des ventes, relève : "Dans la distribution, au-delà de l’importance évidente d’être cinéphile, il faut savoir parler à toutes et tous, ne pas être timide. Le cinéma c’est beaucoup d’échanges, de contacts."
Chez UFO distribution, cette dernière est chargée d’assurer la diffusion dans les salles de cinéma de films accompagnés, mais aussi l’achat de films internationaux pour leur diffusion en France. "Il faut très bien connaître la typologie des salles françaises et savoir se vendre. Je travaille aussi bien avec de petits cinémas en région, qu’avec de grands réseaux de salles", détaille-t-elle.
Des métiers qui demandent une rigueur et des compétences techniques
"Le cinéma, c’est 50% d’artistique et 50% de relationnel", souligne à son tour Anne-Sophie Bion, monteuse, notamment de films de Cédric Klapisch ou de Michel Hazanavicius. Ses missions se divisent en trois phases :
le montage de séquences chaque jour du tournage ;
la réécriture du film avec le réalisateur ;
la finalisation en intégrant le son et les effets spéciaux.
Un métier qui nécessite des compétences techniques, rigueur, organisation "et une bonne mémoire, car on doit visualiser des dizaines d’heures de rush, sourit Anne-Sophie Bion. C’est un métier en partie solitaire, mais on est aussi beaucoup en contact avec le réalisateur, les monteurs son, etc."
L'importance des études et des stages pour se créer un réseau
Pour accéder à ce poste, la monteuse a suivi un BTS audiovisuel, mention montage à Bayonne : "Je voulais travailler vite, mêler artistique et technique". Plusieurs expériences professionnelles et collaborations avec d’autres monteurs lui ont ensuite permis de se faire une place. 'Les monteurs, comme beaucoup de techniciens, ont un statut d’intermittent. Nous sommes constamment en recherche de travail, explique-t-elle. Mais on peut se faire une place sans être fils ou fille de."
Afin de constituer son réseau professionnel, la formation choisie peut-être décisive. "La Fémis permet de rencontrer beaucoup de professionnels", explique ainsi Coline Crance-Philouze, elle-même ancienne étudiante. Réputée, l’école publique accessible sur concours forme aussi bien aux métiers de la distribution, de l’écriture et de la réalisation… mais est aussi très sélective.
"Les parcours s’institutionnalisent, mais il arrive encore souvent que les professionnels du cinéma se forment sur le tas", tempère Louise. Après un parcours en histoire de l’art puis en histoire du cinéma à la Sorbonne, c’est par le biais d’un stage dans un société de production qu’elle a appris son métier.
"Multiplier les expériences et les stages permet d’être dans le concret", souligne-t-elle. Il n’est d’ailleurs pas rare que ces derniers occupent une place importante dans les formations aux métiers du cinéma. L’école d’animation des Gobelins à Paris propose ainsi une partie de ses cursus en alternance.
De même, les élèves du BTS audiovisuel des Arènes à Toulouse disposent de 11 semaines de stage lors de leur formation. "Il ne faut pas hésiter à aller rencontrer les professionnels, oser. Déposer un CV ne suffit pas, il faut se présenter, ajoute Anne-Sophie Bion. Ces démarches permettent de rencontrer des équipes qui sauront apprécier votre sensibilité créative personnelle".