Avec 126.000 salariés fin 2011, résultat d'une croissance nette des effectifs de 26% en cinq ans d'après l'INSEE, la construction aéronautique et spatiale en Aquitaine et Midi-Pyrénées reste un secteur industriel particulièrement dynamique. Au terme des grands programmes de développement d'Airbus A380, A400M et A350 qui ont permis l'embauche massive d'ingénieurs, l'heure est désormais à la mise en production intensive de ces nouveaux avions. D'où des besoins importants au niveau des chaînes de production, notamment en chaudronniers, ajusteurs, fraiseurs, électriciens… "C'est un véritable enjeu", insiste Philippe Dujaric, directeur adjoint aux affaires sociales et formation du GIFAS (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales).
Grenelle de l'emploi en Midi-Pyrénées
Pour y répondre, un "Grenelle de l'emploi industriel métallurgie" a été organisé en Midi-Pyrénées dès la fin 2011, réunissant la préfecture, la région, Pôle Emploi, l'UIMM (Union des industries des métiers de la métallurgie) et des organismes de formation comme l'AFPI (Association de formation professionnelle de l'industrie), le GRETA, l'AFPA (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes), mais aussi le rectorat, les lycées... Tous se sont mis autour de la table pour pallier des besoins de recrutement qui dépassent largement les flux de diplômés issus de la formation initiale, notamment du CAP au bac pro.
"Nous avons mis en place un processus de recrutement accéléré de demandeurs d'emploi. Ainsi, en 2012, 2.200 chômeurs de la région Midi-Pyrénées ont trouvé un poste dans la sous-traitance aéronautique, à 95% en production, et dont 800 contrats de professionnalisation", détaille Philippe Almansa, directeur emploi-formation de l'UIMM Midi-Pyrénées. Et d'ajouter : "Pour 2013, un nouveau train de besoins est à combler : 4.000 nouveaux postes sont à pourvoir dans la sous-traitance, toujours pour l'essentiel sur des fonctions productives. Et cela devrait continuer ainsi pour plusieurs années !"
Nécessaires compétences en ingénierie
Néanmoins, même si l'heure est à l'embauche surtout dans les usines, la filière aéronautique – de même que le secteur spatial – aura toujours besoin d'ingénieurs pour concevoir de nouveaux aéronefs. Regardant du côté de l'avenir, le pôle de compétitivité Aerospace Valley établit que les spécialistes de l'électronique embarquée, des interfaces homme-machine, de la robotique, des nouveaux matériaux composites, de l'électronique de puissance seront très demandés. En vue, l'avion tout électrique, déjà bien avancé dans les cartons du groupe EADS.
Côté formations, outre les traditionnelles écoles d’ingénieurs spécialisées dans l’aéronautique, les universités proposent aujourd’hui une cinquantaine de masters identifiés par le GIFAS. De plus, il faut désormais compter avec les cursus masters en ingénierie. Deux d’entre eux ont été lancés en aéronautique en 2012, à Bordeaux et Aix-Marseille. "Ces formations ont déjà trouvé leur place dans ce secteur, assure Patrick Porcheron, vice-président de l'UMPC et du réseau Figure : nous travaillons avec des PME et PMI, ainsi qu’avec Airbus, Dassault Aviation, Thalès Avionics et Eurocopter..."
Montée en puissance de l'apprentissage
Dans ce contexte, l'apprentissage est l'une des solutions fortement plébiscitées par les industriels pour son aspect pratique, y compris désormais au niveau ingénieur. Ce qui incite les établissements à développer ce type de cursus.
Le CFA (centre de formation d’apprentis) de l'industrie Midi-Pyrénées forme près de 1.200 apprentis, dont 40% d'ingénieurs, un nombre en progression d'environ 5% par an.
En 2012, l’ISAE s’est associé au CNAM pour mettre sur pied une formation en apprentissage, "conçue et élaborée à la demande et avec les grands acteurs industriels concernés (EADS, Safran, Thalès, Nexter, l’Onera et le GIFAS)", souligne l’école. De son côté, l'ENAC lance à la rentrée 2013 sa première formation d'ingénieurs par apprentissage, avec le soutien d’entreprises comme EADS, Airbus, Eurocopter, ADP ou encore Air France. Des entreprises qui demeurent, pour beaucoup d’entre elles, parmi les employeurs préférés des élèves ingénieurs.