APB : c’est fini ? "Absolument", répond Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, au micro de RTL, jeudi 31 août 2017. Neuf ans après sa mise en place au niveau national, APB va donc disparaître. Ou tout au moins, faire l’objet d’évolutions le rendant méconnaissable.
Du côté de la rue Descartes, l'information est confirmée. APB "va changer de formule" et "très certainement" être rebaptisé. Le nouveau fonctionnement, vraisemblablement mis en place pour la procédure 2018, "devrait induire un changement de nom", précise le ministère.
Pas question de "revenir aux files d’attente" pour autant. Le chantier technique consistera à modifier le fonctionnement de l’algorithme, selon les arbitrages qui seront validés fin octobre par le ministère à partir des conclusions de la concertation sur le contrat de réussite étudiant. L'objectif : mettre un terme à la pratique du tirage au sort des candidats dans les licences en tension.
APB, une fin programmée ?
À l'issue de la seconde phase de la concertation, jeudi 31 août, les participants sont pourtant plutôt sceptiques au sujet des propos de Jean-Michel Blanquer. "Il n’a jamais été évoqué cette idée expéditive de mettre fin à APB", tranche Stéphane Leymarie, secrétaire général du syndicat Unsa Sup'Recherche. Et de s’interroger : "De toute façon, par quoi le remplacerait-on ?" Même son de cloche pour Lilâ Le Bas, la présidente de l’Unef : "La fin d’APB n’a jamais été un sujet avec le ministère, mais les conclusions de la concertation entraîneront une réforme du logiciel."
Si quelques ajustements ont déjà été effectués au fil des ans, notamment avec l’introduction des "pastilles" à la session 2016 pour aider les candidats à distinguer les licences en tension des licences libres, cela s’est avéré insuffisant, voire contre-productif. L’un des signaux d’alarme : le nombre de licences sous tension est passé de 78 à 169 entre 2016 et 2017. Et, pour la première fois, un tirage au sort a eu lieu en Paces à la première phase d'APB 2017.
En effet, l’augmentation du nombre de bacheliers ces dernières années (environ 40.000 par an), associée au traitement systématique – pour la session 2017 – des candidats en réorientation en licence via APB, ont mis au jour les limites du système. "Il faudra nécessairement le faire évoluer, notamment sur les questions de priorités géographiques", renchérit Franck Loureiro, secrétaire national du Sgen-CFDT.
La fin d’APB n’a jamais été un sujet avec le ministère, mais les conclusions de la concertation entraîneront une réforme du logiciel.
(L. Le Bas)
Un "recalibrage"
De là à supprimer APB ? Les acteurs de la concertation préfèrent parler de "recalibrage". "Le ministère estime qu’il est possible de reparamétrer le logiciel existant, qui est assez souple", précise Khaled Bouadbdallah, vice-président de la CPU, lors de la conférence de presse de rentrée de la CPU, jeudi 31 août 2017.
Le ministre de l’Éducation nationale s’est d’ailleurs exprimé à plusieurs reprises sur l’importance de conserver un algorithme. "Le problème n’est pas APB en soi : cet algorithme peut s’améliorer mais nous avons besoin d’un système informatique pour organiser le flux des étudiants", confiait Jean-Michel Blanquer à la rédaction de l’Etudiant.
Derniers chiffres donnés par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, lors de la concertation : un peu moins de 6.000 candidats se retrouvent sans formation à la rentrée, essentiellement des bacheliers professionnels et technologiques. Il resterait environ 130.000 places disponibles via la procédure complémentaire d’APB, principalement dans les filières scientifiques.
Coup de com... Et coût de com
Quant à rebaptiser APB ou à parler de nouvelle formule ? "De la com", glissent bon nombre de participants. Ce sujet devrait être abordé au sein du groupe "accès au premier cycle de l’enseignement supérieur", piloté par Bénédicte Durand, doyenne du Collège universitaire de Sciences po.
Une communication qui aura un coût, si nouveau nom il y a pour la prochaine ouverture des candidatures, qui aura lieu chaque année le 20 janvier. Car qui dit changement de nom dit changement de site internet, nouvelle charte graphique, impression de plaquettes d’information… Tout cela dans des délais très serrés, puisque, habituellement, la plate-forme ouvre le 1er décembre pour ce qui est de l’information sur les formations, et le 20 janvier suivant pour le dépôt des candidatures.
Mais au-delà d’un nouveau paramétrage du système gérant les flux de préinscriptions, c’est l’orientation au lycée qui devra être repensée et renforcée. Un enjeu auquel s’attelle un autre groupe de travail dans le cadre de la concertation avec le ministère sur l’entrée à l’université.