"Les examens informatisés, on y va et ça va marcher !" Chargé de projets à la DSI de l'université de Rennes 1, Pascal Aubry a vécu comme un séisme le bug des ECNi blancs (Épreuves nationales classantes informatisées pour les études de médecine) en début de semaine. Il pense pourtant, à l'instar de plusieurs confrères présents lors des Journées réseaux de l'enseignement supérieur, organisées à Montpellier du 9 au 11 décembre, que la démarche est synonyme d'avenir.
"Personnellement, j'y croyais ! Nous travaillons depuis décembre 2013 sur le projet. Les voyants étaient au vert. Nous étions dans une zénitude totale", résume-t-il. Mais le 24 octobre, un mois et demi avant l'examen blanc organisé en début de semaine, "le CNG [Conseil national de gestion chargé d'organiser les ECNi] décide de tout casser... Une nouvelle architecture, et de nouvelles instructions tous les jours, une configuration définitive cinq jours avant les tests... ce qui veut dire pour nous, des tablettes prêtes la veille sans que l'on nous ait fourni de configuration type !"
Et de dénoncer un pilotage à vue et une forte inquiétude de ses équipes ainsi que de celles des autres facultés de médecine de France, qui ont subi la foudre des carabins alors qu'ils n'y étaient pour rien dans le dysfonctionnement.
Un temps de préparation conséquent
Plus largement, les équipes informatiques des universités réclament de la stabilité et du temps dans l'élaboration des examens informatisés qui ne se préparent pas comme un examen papier. "Sur les fraudes, nous avons dû mettre au point un système de vérification régulière des connexions multiples, afin de contrôler si un étudiant n'était pas connecté sur plusieurs tablettes, ou qu'un échange de mot de passe n'avait pas été opéré entre étudiants."
D'importants moyens financiers et humains ont ainsi été déployés pour l'organisation des ECNi. Pour la seule université de Rennes 1, le coût humain pour la seule DSI est estimé à 90.000 euros auxquels s'ajoutent 15.000 euros de fonctionnement annuel. "D'un point de vue matériel, il est de 350.000 euros d'investissement et 40.000 euros de fonctionnement par an", explique le chargé de projets breton.
Le défi de la sécurité
Bien que ce type d'examens n'existe pas (encore) à Arts et Métiers ParisTech, certains informaticiens du groupe estiment que le choix de la connexion, filaire ou wifi, change la donne en termes de sécurité. "Le cahier des charges doit être établi avec les métiers. Pour mettre en place ce type de dispositif, il faudrait au moins un informaticien de référence présent sur chaque site pour le pilotage", estiment Christophe Lapalus (Ensam Cluny) et Dominique Loriol (Ensam Lille).
Deux autres points de sécurité ont été soulevés par les DSI lors des JRES : l'apport de la preuve en cas de contestation des copies, et l'utilisation de brouilleurs wifi à l'extérieur de la salle d'examens. Si l'université de Rennes 1 avoue ne pas avoir trouvé de solution au dernier risque, les informaticiens de Toulouse 3 (Médecine) ont investi dans des bornes wifi équipées de détecteur de brouilleur changeant immédiatement de canal en cas d'attaque.
Même si les DSI chargé des facultés de médecine ont conscience d'avoir essuyé les plâtres, tous sont unanimes : "Il faut que cela marche pour l'examen blanc de mars, et surtout pour le véritable examen."