Benoit Hamon a été nommé ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, mercredi 2 avril 2014. Ministre délégué chargé de l’Economie sociale et solidaire et de la Consommation depuis mai 2012, il apparait comme l'un des principaux bénéficiaires de ce remaniement, avec cette promotion à la tête d'un grand ministère, qui réunit l'Education nationale, conduite jusqu'ici par Vincent Peillon, et l'Enseignement supérieur et la Recherche, portés par Geneviève Fioraso. Les cérémonies de passation de pouvoir ont eu lieu en fin d'après-midi avec les deux anciens ministres concernés.
Des responsabilités autour du thème de la jeunesse
Diplômé d’une licence d’histoire à l’université de Brest, Benoît Hamon a été membre de l'Unef et président des MJS (Mouvement des jeunes socialistes) de 1993 à 1995. Il devient conseiller pour la jeunesse de Lionel Jospin lorsque celui-ci était premier secrétaire du parti socialiste, avant d’entrer au cabinet de Martine Aubry, ministre de l’Emploi, comme conseiller technique chargé de l’emploi des jeunes (1997-1998).
Il a en outre exercé des fonctions d’enseignement à l’université Paris 8 en tant que professeur associé (septembre 2009-mai 2012), avec une charge de cours sur la politique économique européenne, à l’institut d'études européennes. Il a fait partie également du conseil d’administration de l’établissement, en tant que personnalité extérieure, de 2008 à 2009, alors qu’il était député européen.
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L'enseignement supérieur et la recherche liés : un soulagement pour les universitaires
Le périmètre dont il a hérité devrait soulager la communauté universitaire, très inquiète d'une possible séparation entre l'enseignement supérieur et la recherche. Le président de la CPU (Conférence des présidents d’université) et celui du CNRS avaient écrit en ce sens à François Hollande, les directeurs des écoles d'ingénieurs avaient publié un communiqué, de même que l’ensemble des syndicats de l’ESR.
"Cela aurait été un très mauvais signal car nos missions sont totalement interpénétrées et dépendantes l'une de l'autre", explique Alain Beretz, à la tête de l’université de Strasbourg et de la LERU (Ligue européenne des universités de recherche).
l'éducation nationale va-t-elle noyer l'enseignement supérieur ?
Cette inquiétude passée, la question du lien avec l'Education nationale, provoque des réactions moins unanimes. "Il est nécessaire de réviser un ensemble de paradigmes éducatifs. Cela pourra donc être intéressant d’avoir un même ministre pour l’enseignement supérieur et l’éducation nationale, confie Philippe Jamet, à la tête de la CGE (Conférence des grandes écoles). A l’international, on peut remarquer que le Japon possède un grand ministère de l’Industrie et de l’Innovation et un autre ministère regroupant toute l'éducation, la science et la technologie, ou encore que les Etats-Unis réunissent éducation et enseignement supérieur."
Plusieurs acteurs avaient tout de même une préférence pour un ministère de l'ESR de plein exercice, notamment le syndicat étudiant la Fage. La présidente de l'université Montpellier 3 Anne Fraïsse faisait elle aussi un tel voeu. "Le lien avec l’Education nationale doit être important, mais la différence de proportion fait que nous risquons d’être noyés, alors que nos problématiques ne sont pas les mêmes", prévient-elle.
Pour le président de l’Unef enfin, la configuration n’est pas essentielle. "Ce qui nous importe, c’est d’avoir au gouvernement un interlocuteur qui se préoccupe de la réussite des étudiants. Il est sans doute utile d’avoir un ministre qui a un certain poids politique, mais de toutes façons, les questions de jeunesse et d’études sont arbitrées par François Hollande", assure William Martinet.
Quid de Geneviève Fioraso ?
Reste à savoir si Geneviève Fioraso va conserver un portefeuille sur l'enseignement supérieur et la recherche. En tant que secrétaire d'Etat par exemple. Un choix qui interviendra dans les jours qui viennent.
Concernant les autres ministères de tutelle des établissements d'enseignement supérieur, Arnaud Montebourg conserve l'Economie et le Redressement productif, domaines auxquels s'ajoute le Numérique, tandis que Marisol Touraine reste aux Affaires sociales, Aurélie Filipetti à la Culture et Jean-Yves Le Drian à la Défense.
Demeurant ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, Stéphane Le Foll devient par ailleurs porte-parole du gouvernement.
Par ailleurs, la Jeunesse est confiée à Najat Vallaud-Belkacem au sein d'un large ministère qui rassemble aussi les Droits des femmes, la Ville et les Sports.
Quant à George Pau-Langevin, jusque là ministre déléguée à la réussite éducative, elle se voit attribuer l'outre-mer.
- La biographie de Benoît Hamon
- La biographie de Vincent Peillon
- La biographie de Geneviève Fioraso
- La réaction de la CPU (Conférence des présidents d'université) à la nomination de Benoît Hamon
- La réaction de l'UNI à la nomination de Benoît Hamon
- Le billet de Claude Lelièvre : Le retour d’un grand ministère de l’Education nationale
- Sur Lexpress.fr : Benoît Hamon hérite d'un super-ministère de l'éducation, la mega-promotion