Quel avenir pour Béziers ? L'antenne a été promise à la fermeture par l'université Montpellier 3, en raison d'une situation financière difficile, afin de réaliser les économies nécessaires au retour à l'équilibre. Une mesure que la ministre Geneviève Fioraso a jugée à de nombreuses reprises impensable, renvoyant l'université à ses responsabilités quant à l'augmentation de la masse salariale et une offre de masters insuffisamment mutualisée. Une vision démentie en bloc par la présidente montpelliéraine, Anne Fraïsse.
Bloquée depuis plusieurs semaines, la situation pourrait évoluer avec une annonce de la ministre de l'Enseignement supérieur : sur les 29 millions d'euros, dégelés en fin d'exercice 2013, promis aux universités afin de financer leur GVT [glissement vieillesse technicité – augmentation de la masse salariale en raison de l'évolution de carrières des fonctionnaires], 4 à 5 millions d'euros seront destinés à compenser l'exonération des boursiers, qui pèse fortement sur deux tiers des établissements, a indiqué Geneviève Fioraso lundi 25 novembre 2013. Un scénario qui a vocation à se reproduire pendant encore trois ans, afin d'atteindre une compensation totale de ces sommes.
"C'est une bonne nouvelle, relève la présidente de Montpellier 3. Il s'agit d'une mesure de justice pour l'ensemble des universités, car Montpellier 3 n'est qu'un cas parmi d'autres. De notre côté, nous attendons de savoir si cette somme sera suffisante pour ne pas avoir à fermer Béziers."
La fermeture de Béziers n'est pas encore actée par l'université. Pour l'instant, des économies d'1,2 million d'euros ont été votées par le conseil d'administration, explique la présidente. En diminuant le nombre de contrats doctoraux, de professeurs invités, en gelant les postes, en abaissant de 10% les budgets des composantes et services.
Egalement grâce à la mise en place de capacités d'accueil limitées à la rentrée prochaine dans six licences : cinéma, information-communication, arts plastiques, théatre, AES et psychologie. L'effectif fixé est semblable à celui de 2013-2014, ou bien équivalent au nombre d'étudiants de l'année précédente dans deux mentions. "Nous devrions ainsi accepter tous les étudiants de l'académie qui le souhaitent, ainsi que les premiers vœux des autres académies", prévoit Anne Fraïsse.
Résultat : "sur les 3,5 millions de déficit à combler, et en effectuant le prélèvement maximum sur le fonds de roulement pour rester au niveau des 15 jours exigés par Bercy – soit environ 800.000 euros – il nous restera 1,5 million d'euros manquants", estime Anne Fraïsse. La décision finale sera prise lors du conseil d'administration du 19 décembre 2013.
Si le ministère veut que je ferme la moitié de mes masters pour retrouver l'équilibre, c'est hors de question. Je fermerais d'abord Béziers (A.Fraïsse)
Vers un plan de redressement
Quant au fond du problème et au plan de retour à l'équilibre pour les années à venir, le désaccord persiste entre ministère et université. Pour Geneviève Fioraso, s'appuyant sur l'audit flash effectué dans l'établissement montpelliérain, la masse salariale s'est très fortement accrue ces dernières années en raison d'un repyramidage des postes, tandis que la mutualisation nécessaire entre les masters reste très faible. Ce qui expliquerait grandement les difficultés de Montpellier 3, qui doit s'atteler à un plan de retour à l'équilibre en économisant sur ces deux leviers, préconise le ministère.
"Nous avons fait toutes les économies possibles, estime à l'inverse Anne Fraïsse. Nous n'avons créé ni transformé aucun poste dans l'université, l'augmentation de la masse salariale est due uniquement à des choix de l'Etat, c'est-à-dire principalement au CAS Pension. Quant aux masters, je ne peux les mutualiser encore plus, car ils le sont déjà fortement et ils doivent tout de même conserver un minimum de spécialisation ! Si le ministère veut que je ferme la moitié de mes masters pour retrouver l'équilibre, c'est hors de question. Je fermerais d'abord Béziers, car nous ne pouvons plus jouer notre rôle social, sauf si on nous en donne réellement les moyens."
Proche de la cessation de paiements, l'université de Versailles-Saint-Quentin est en grande difficulté financière. L'avance, à rembourser, promise par le ministère afin d'assurer le versement des salaires des personnels en décembre, devrait néanmoins être moins élevée que prévue – une somme entre 4 et 7 millions d'euros avait initialement été envisagée par le ministère ; près de 5 millions, prévoyait le président de l'université, Jean-Luc Vayssière.
En effet, "nous avons procédé au recouvrement de deux millions d'euros sur des factures émises mais non payées à l'université", a annoncé Geneviève Fioraso le 25 novembre 2013.
Le rapport rendu par l'IGAENR (audit flash) sur la situation budgétaire de l'université Montpellier 3 (pdf)
La biographie d'Anne Fraïsse
Les billets de Pierre Dubois, blogueur EducPros : Montpellier 3. Fioraso et Fraisse ; Versailles : pourquoi le déficit ? ; Versailles : cessation de paiement