Emmanuel Macron semble avoir entendu le message de la CPU (Conférence des présidents d'université). Dans son programme dévoilé jeudi 2 mars 2017, il propose d'"afficher des prérequis" à l'entrée de toutes les formations universitaires. Autrement dit : rompre avec l'accès de droit de tous les titulaires du baccalauréat en licence.
Ces prérequis seront "des acquis minimaux" dans les principales matières du parcours. Toutefois, un lycéen ne les maîtrisant pas "pourra s'inscrire après avoir comblé ses lacunes, par des cours d'été ou par la validation de modules universitaires". Un "contrat de réussite" sera établi entre chaque étudiant et son établissement.
Avec cette mesure, le candidat d'En marche ! instaure donc une sélection à l'entrée de l'université, sans pour autant utiliser le mot, préférant parler "d'enrayer la sélection par l'échec". Reste à savoir comment seront définis ces prérequis : chaque université sera-t-elle libre de les définir pour chacune de ses formations, comme ce sera bientôt le cas à l'entrée du master ?
Surtout, comment les établissements s'assureront-ils qu'un étudiant possède ces acquis ? En regardant la filière du baccalauréat – dans ce cas, les bacheliers de certaines filières pourraient-ils bénéficier d'un accès de droit – ? Ou bien en examinant les notes du bac, voire celles de terminale ?
Une réforme du bac
En amont, la réforme du baccalauréat proposée ne comprendrait plus que quatre matières obligatoires à l'examen final, les autres étant validées en contrôle continu. Mais le programme ne détaille pas plus la réforme du lycée que cela engendrerait.
Le candidat à l'élection présidentielle développerait également "des formations avec un véritable accompagnement pédagogique personnalisé, comportant des passerelles vers les filières plus spécialisées ou plus exigeantes".
80.000 nouvelles places en filières courtes
Parallèlement, afin d'aider les étudiants à s'orienter, chaque établissement de l'enseignement supérieur devra "publier en toute transparence les taux de réussite et les débouchés professionnels, par formation, de ses anciens étudiants". Autre mesure, la création de "80.000 places supplémentaires dans de nouvelles filières courtes professionnalisantes", notamment en IUT, STS et licences professionnelles.
Au-delà de ces propositions sur l'orientation, Emmanuel Macron veut "créer un environnement favorable" à la réussite. Dans ce cadre, il prévoit la création de 30.000 logements supplémentaires pour les étudiants au sein du parc social des "logements jeunes". Ces logements, précise-t-il, "seront accessibles sans dépôt de garantie, sans demande de caution et pour un bail non renouvelable". Autre promesse, la création de 80.000 logements pour les jeunes : 60.000 logements pour les étudiants et 20.000 pour les jeunes actifs.
réintroduction des bourses au mérite
Les universités seront aussi incitées à "élargir les horaires d'ouverture de leurs bibliothèques" en soirée et le week-end. En parallèle, l'État financera "l'extension des horaires des bibliothèques municipales".
Le candidat d'En marche ! envisage aussi une réforme du système de bourses, afin qu’il soit "plus progressif et plus juste" et souhaite rétablir un système de bourses au mérite pour les étudiants titulaires d’une mention très bien au baccalauréat.
Rien en revanche, dans le programme d'Emmanuel Macron, sur la question des droits d'inscription à l'université.
Pour "une nouvelle étape" dans l'autonomie des universités
S'agissant de la gestion des établissements, le programme d'Emmanuel Macron reprend, là encore, les principales demandes de la CPU. "Nous devons franchir une nouvelle étape dans l'autonomisation des établissements", écrit-il.
Concrètement, les établissements pourront "recruter eux-mêmes leurs enseignants-chercheurs suivant les standards internationaux de qualité et d'indépendance" et "déployer librement" leur offre de formation, "à condition d'offrir une palette suffisamment large de filières et d'orientations et de favoriser les aménagements de cursus aux étudiants en stage, en alternance ou en activité professionnelle". Des propositions extrêmement proches sur ce thème de celles de François Fillon, le candidat des Républicains.
De nouveaux modèles de gouvernance pour les universités seront également développés "à l'initiative des acteurs eux-mêmes et assureront une plus grande souplesse dans la composition des instances dirigeantes et dans les modalités d'organisation interne".
Enfin, le recrutement des dirigeants "des organismes de recherche et des grandes universités" se fera suivant les normes internationales : "Les projets des candidats seront appréciés par des comités de sélection composés en majorité de personnalités extérieures pour garantir leur objectivité." Une mesure qui soulève là encore une nouvelle interrogation : quels seront les critères permettant de définir "une grande université" ?
Le budget "sanctuarisé"
Sur le plan budgétaire, Emmanuel Macron projette, s'il est élu, de "sanctuariser" le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche. Les moyens publics supplémentaires seront attribués "sur des bases contractuelles". Les critères pris en compte seront "l'ouverture sociale, la qualité de l'insertion professionnelle, les cofinancements européens et privés, la performance en recherche, la politique patrimoniale".
Parallèlement, les sources de financement seront diversifiées, en facilitant "les possibilités de création de filiales universitaires, les capacités d'emprunt des universités ou encore les partenariats public-privé". Enfin, le nombre de formations éligibles au titre de la formation professionnelle sera élargi.
Dans la perspective de faire de la recherche une "priorité nationale", Emmanuel Macron soutiendra "la constitution d'universités de niveau mondial, sur la base de regroupements volontaires d'universités et de grandes écoles avec le soutien des organismes de recherche". Rien n'est précisé sur les outils à développer. Alors que certains projets de regroupements connaissent des blocages, le gouvernement avait tenté, sans succès, de faire passer un cavalier législatif créant un nouveau statut.