Les 10% de lycéens qui obtiennent les meilleurs résultats au bac doivent avoir accès à une filière sélective (prépas, BTS, DUT). C’est l’une des principales mesures de la loi sur l'enseignement supérieur de l’été 2013 estampillée "égalité des chances". Ce dispositif, qui a provoqué la contestation des universités – elles jugeaient ce privilège synonyme de stigmatisation de leurs formations – a finalement profité à un très petit nombre de bacheliers, d’après les premiers chiffres du ministère, qu’EducPros s’est procurés.
6.000 élèves potentiels, 1.200 répondent à l'appel
À la mi-juillet 2014, à l’issue des épreuves de rattrapage du bac, les recteurs ont eu pour mission de contacter 6.000 bacheliers qui pouvaient être concernés – sur près de 600.000 inscrits sur APB (Admission-postbac). À savoir les élèves qui comptent parmi les 10% ayant obtenu les meilleures notes au bac, dans leur filière et par établissement, et qui n'avaient alors pas eu de proposition dans une filière sélective sur APB.
C'est ensuite plus d’un millier de bacheliers qui ont répondu et échangé durant l’été avec les rectorats. Ces derniers leur ont proposé, s’ils le souhaitaient, de retourner sur APB pour postuler dans l’une des filières sélectives qui leur étaient de nouveau ouvertes.
Les bacheliers professionnels, premiers concernés
Au final, 223 bacheliers ont rejoint une filière sélective grâce à cette mesure. Et si ce dispositif avait été plutôt pensé en direction de bacheliers généraux qui s’autocensurent à l’entrée des prépas, il a en réalité touché un tout autre public : les bacheliers professionnels. Ils représentent ainsi les trois quarts de ces 223 jeunes, le reste se partageant entre voie technologique et voie générale. "En juillet, ce sont eux qui rencontrent le plus de difficultés dans l’orientation", analyse-t-on au ministère.
Côté filière, ce sont les BTS qui ont été visés (85% s’y sont dirigés), suivis des classes prépas (10% – pour moitié littéraires) et des IUT (5%).
Objectif : communiquer pour lutter contre l’autocensure
Ces premiers chiffres ne découragent pas le ministère, qui souhaite au contraire faire monter en puissance le dispositif. Tout d’abord en lançant la démarche des recteurs plus tôt, dès les premiers résultats du bac, début juillet.
Mais surtout en communiquant très fortement sur cette porte supplémentaire ouverte aux bacheliers méritants, sur APB et via l’ensemble des relais d’orientation. L’objectif n’est pas qu’un nombre important de lycéens en bénéficie, assure-t-on au ministère, il est de lutter en amont contre l’autocensure, en montrant que toutes les filières, même sélectives, sont ouvertes aux meilleurs bacheliers. Une portée avant tout symbolique donc.
Le pourcentage de bacheliers "méritants" concernés par ce droit d'accès aux filières sélectives est fixé chaque année par décret. Le texte pour 2015 passe devant le Cneser (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) ce 19 janvier. La procédure intervient donc bien plus tôt que l'année dernière, où la parution du décret au "JO" avait eu lieu en juin.
Le texte fixe de nouveau à 10% "le pourcentage annuel des meilleurs élèves par filière de chaque lycée, au vu de leurs résultats au baccalauréat, bénéficiant d’un droit d’accès dans les formations de l’enseignement supérieur public où une sélection peut être opérée".