Depuis dix ans, les frais de scolarité des universités américaines ont explosé, augmentant deux fois plus vite que l’inflation. Au total, 70% des jeunes diplômés américains sortent endettés de leurs études, avec une dette moyenne estimée à 28.000 dollars, selon The Institute for College Access. Une situation de plus en plus problématique, mais qui est aussi le terreau de nouveaux modèles de financements.
#1- Faire payer sa scolarité online par son employeur
L'avantage numéro un des diplômes online ? Leur flexibilité. Un atout dont se servent certains établissements pour attirer de nouveaux types d'étudiants, en passant par l'entremise de grandes entreprises.
Le partenariat le plus emblématique dans ce domaine est celui passé par Arizona State University avec Starbucks. Le géant du café paie les frais de scolarité de tous ses salariés (employés à temps plein ou partiel) souhaitant suivre un Bachelor en ligne à ASU : une cinquantaine de spécialisations sont possibles, avec six "rentrées" par an. Ces serveurs-étudiants n'ont aucune obligation de rester ensuite chez Starbucks. L'entreprise souhaiterait qu'au moins 25.000 de ses salariés profitent de cette opportunité d'ici 2025.
Autre programme remarqué : College for America, créé par la Southern New Hamphire University. Cet établissement a signé des partenariats avec de grosses entreprises ou chaînes (Gap, Dunkin Donuts, McDonald's...). Ces dernières permettent à leurs salariés de s'inscrire dans un Bachelor de College for America.
Des cursus online avec différentes spécialités, pensés pour des jeunes ou des adultes qui travaillent à côté, et axés sur l'acquisition de compétences et la formation par projets. L'entreprise prend en charge une partie de la scolarité, et les étudiants paient des frais low-cost : 2.500 dollars par an.
Ces modèles, très médiatisés aux États-Unis, créent de nouvelles stratégies d'études, avec des jeunes cherchant spécifiquement à se faire embaucher comme serveurs ou vendeurs dans ces entreprises, afin de bénéficier de leurs programmes d'études.
#2- Payer en fonction de son salaire : le cas Holberton SCHOOL
Holberton School, une école d'ingénieurs en informatique montée par des Français à San Francisco, propose un modèle innovant, fondé sur la gratuité. En contrepartie, l'étudiant s'engage à verser 17% de son salaire à l'école pendant trois ans après sa sortie. "Le succès de l'école est donc proportionnel au succès de ses étudiants", résume Sylvain Kalache, l'un des fondateurs d'Holberton School, qui accueille sa première promo cette année.
Ce pourcentage a été calculé de manière à ce que l'école soit bénéficiaire, et à partir d'une "estimation basse" du salaire d'un jeune ingénieur dans la Silicon Valley – c'est-à-dire autour de 70.000 dollars par an.
"Les primes et les stock-options n'entrent pas en compte dans les 17%, précise Sylvain Kalache. "Nous voyons ce système comme une réponse au problème de la dette étudiante. C'est risqué : si nos élèves ne trouvent pas d'emploi, l'école coule. Ce système nous force à rester les meilleurs, et à faire en sorte que nos diplômés sortent avec les meilleures options possibles."
#3- Payer au cours par cours
Plutôt qu'un diplôme de master ou de MBA, de plus en plus de jeunes se dirigent vers des institutions proposant des cours spécialisés à payer à l'unité. C'est le modèle de General Assembly, une institution née en 2011, qui revendique déjà un réseau de 25.000 anciens étudiants.
Chacun peut ainsi se constituer son propre cursus à la carte et low-cost, tout en travaillant à côté. GA propose aussi divers services de networking, aide à la recherche d'emploi, etc. Pour Anand Chopra-McGowan, directeur "nouveaux marchés" de General Assembly, le succès de son institution est dû à différents facteurs, en particulier l'inflation des frais de scolarité.
"Nous proposons, pour bien moins cher, d'acquérir des compétences pratiques plus en phase avec le milieu professionnel. Notre flexibilité nous permet d'aller plus vite que les universités pour adapter nos cours, et de se former tout au long de la vie". Il faut compter environ 3.000 dollars pour un cours de dix semaines (design, programmation, marketing digital...), à raison de quatre heures de cours par semaine, le soir ou le week-end.
#4- Le crowdfunding
Pour financer leurs études, certains étudiants font appel au crowdfunding en ligne. ScholarMatch, un organisme spécialisé dans ce domaine, crée des profils et des vidéos d'étudiants issus de milieux défavorisés et permet à des individus de contribuer au financement de leur scolarité. Travis, un jeune étudiant noir originaire du Mississippi, a ainsi récolté plus de 2.400 dollars pour payer ses études d'orthopédie.
La plateforme GoFundMe propose une section "éducation", rassemblant des profils de jeunes faisant appel au public pour financer leur master, leur stage ou leur séjour d'études à l'étranger, avec des projets personnels attractifs. Une voie originale, mais encore marginale.