Pour la première fois dans l'Hexagone, une institution d'enseignement supérieur va démarcher les personnes âgées fortunées, afin de figurer parmi leurs héritiers. Une pratique largement répandue dans les universités d'outre-Atlantique, dont certaines, à l'instar de Harvard ou HEC Montréal, captent parfois des sommes considérables de cette façon. La Fondation HEC vient en effet de s'assurer les services d'une spécialiste des "legs et libéralités" – autrement dit, les donations. De formation notariale, la nouvelle recrue est en outre dotée d'une solide expérience de la collecte dans le secteur de la santé.
En règle générale, les fondations françaises dédiées à l'enseignement supérieur et à la recherche démarchent exclusivement les entreprises et leurs alumni (anciens diplômés) – et quelquefois leurs élèves eux-mêmes. Avec cette initiative, HEC, qui a également reçu quelques dons de personnalités non issues de ses rangs (comme Xavier Fontanet, ancien patron du groupe Essilor), continue donc à élargir sa prospection. "Il existe sans doute un potentiel important du côté des legs, estime Barbara de Colombe, déléguée générale de la Fondation HEC. Mais c'est un domaine qui nécessite un investissement important. Il ne faut pas en attendre de retombées importantes à court terme."
La dernière campagne de l'école, sur la période 2008-2013, s'est soldée par une collecte totale de 112 millions d'euros, supérieure aux objectifs initiaux. Alors que nombre d'universités peinent à lever quelques centaines de milliers d'euros par an...
Il est vrai qu'HEC bénéficie de trois atouts. D'abord, sa fondation existe depuis 1972, et prospecte de façon méthodique depuis une douzaine d'années. Ensuite, la forte notoriété de l'école, confortée par des résultats flatteurs dans les principaux classements internationaux, lui permet d'entretenir des liens étroits avec les entreprises et de lever des sommes importantes. Enfin, la Fondation HEC s'appuie sur une équipe d'une dizaine de professionnels reconnus. À l'exception de l'INSEAD et, dans une moindre mesure, de Polytechnique et de la Toulouse School of Economics, aucune autre institution en France ne peut se prévaloir d'une telle force de frappe.