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L'ESC Dijon joue la carte de la différenciation

Cécile Peltier Publié le
L'ESC Dijon joue la carte de la différenciation
ESC Dijon - ©Arnaud Dauphin // ©  Arnaud Dauphin
L'ESC Dijon a dévoilé mardi 15 janvier 2013 son plan stratégique 2012-2017. Dans un paysage marqué par les fusions et les rachats, l'école bourguignonne mise sur la "différenciation". Elle va ainsi investir 10 millions d’euros sur cinq ans dans une "montée en gamme", capitalisant sur son alliance avec l'Oxford Brookes University et son expertise en matière de management du vin.

Quelle est la bonne stratégie pour se développer : fusion ? Rachat ? Différenciation ? Dans le nouveau plan stratégique 2012-2017 de l’ESC Dijon, présenté aux personnels fin novembre au moment du passage de l’école au statut associatif (voir encadré), et dévoilé mardi 15 janvier 2013, Stéphan Bourcieu opte pour la 3e possibilité : "Nous faisons clairement le choix d’une montée en gamme fondée sur des marqueurs fortement visibles : la qualité pédagogique, l’orientation internationale et la création d’un leadership sur un secteur d’excellence, en l’occurrence le management du vin", souligne le directeur général du groupe ESC Dijon.

Un choix qu’il justifie d’abord par un attachement fort au modèle des écoles de commerce à la française : "A titre personnel, je crois plus dans des écoles de taille modeste, agiles, capables  de travailler au plus près des élèves et leur apporter une forte valeur ajoutée, que dans les grands ensembles", argumente-t-il, tout en insistant sur le fait que les meilleures business schools mondiales ne sont pas forcément des mastodontes... "Je n’ai rien contre les fusions, et une partie marchera sans doute, mais je ne suis pas certain qu’elles permettront d’atteindre ces objectifs pédagogiques ni de réaliser les économies d’échelle attendues", ajoute-t-il. 

Par ailleurs, l’alliance nouée depuis 2008 avec Oxford Brookes University complique toute nouvelle "forme d’alliance globale" avec une autre institution, "au risque de voir les projets se neutraliser", ajout-t-il.  Quant à la possibilité d’un rachat d’une entité existante, elle demande de trouver chaussure à son pied : "Ce que nous cherchons à créer, une école du wine and spirit management,  n’existant pas sur le marché, j’ai préféré investir l’argent qui aurait pu être consacré à un rachat dans le recrutement de professeurs, de pédagogies et de nouvelles technologies", explique Stéphan Bourcieu.


"A titre personnel, je crois plus dans des écoles de taille modeste" (S. Bourcieu)


Une nouvelle école du management du vin

L’ESC prévoit donc d’investir 10 millions d’euros sur cinq ans, contre deux environ dans le cadre du plan précédent. Cette "grosse enveloppe" permettra notamment de financer à hauteur de "2 à 3 millions d’euros" la nouvelle "School of Wine and Spirit business". Ouverture prévue à la rentrée 2013. Objectif : se positionner comme un pôle d’expertise susceptible de discuter avec les plus grandes institutions sur la scène mondiale : "Il est important de préciser que l’ESC reste une école généraliste, le management du vin étant une corde de plus à son arc", tient à préciser le DG.

Dotée d'une "véritable autonomie" avec un budget de fonctionnement annuel de l’ordre de 2 à 3 millions d’euros et une dizaine d'enseignants dédiés, cette nouvelle entité fédèrera l'offre de formation existante de l’école en matière de commerce du vin (mastère spécialisé commerce des vins et des spiritueux, MSc wine business, MSc en wine management et MA Wine, food & culture). Une offre qui devrait s'étoffer au cours des 5 prochaines années.

Renforcer le partenariat avec Oxford Brookes

Pour améliorer son rayonnement international, l'ESC table également sur un renforcement de son alliance avec Oxford Brookes. "Sans parler de fusion, il s'agit de créer une business school franco-britannique avec une valeur ajoutée pour les étudiants. Nous réfléchissons avec Oxford Brookes au développement de nouveaux programmes, nous avons des projets concernant la formation continue, mais aussi les bachelors", précise Stéphan Bourcieu, qui rêve de "démultiplier les programmes."

Sur le terrain pédagogique, les interventions croisées vont augmenter : les enseignants d'Oxford Brookes piloteront à eux seuls l'équivalent de la moitié d'un semestre à l'ESC Dijon. Sur le modèle du MSc en wine business market, monté en 2012 avec la business school anglaise, trois nouveaux MSc (marketing, corporate finance et entrepreneurship) ouvriront aussi à la rentrée 2014. "A la différence des spécialisations actuelles du programme Grande Ecole auxquels ils vont se substituer,  ces MSc seront tout en Anglais. Ils comprendront aussi beaucoup plus de travail personnel et de travail en groupe", précise Stéphan Bourcieu. Entre un tiers et un quart des 400 étudiants d'une promotion du Programme Grande école, sera à terme concerné par ces formations double-diplomantes, dispensées à Dijon. De manière plus ambitieuse, Stéphan Bourcieu caresse le projet d'un centre de recherche commun.

Investir dans la pédagogie

Enfin, plus globalement l’école  promet  "d’investir massivement dans la pédagogie, largement négligée par les écoles de management ces 15 dernières années". Au programme : formation de tous les enseignants à la méthode des cas d'Harvard et une recherche en management davantage "tournée vers la société et l'institution". Objectif notamment : multiplier les tribunes signées dans la presse par des enseignants maison.

Pour accompagner ces nouveaux développements, l’école promet aussi un renforcement de l'encadrement pédagogique : "Il s’agit de conserver le ratio un professeur pour 30 étudiants et la totalité des cours en petits groupes", explique Stéphan Bourcieu. Des recrutements au service carrière doivent par ailleurs permettre de faire de l'approche par compétences, initiée en 2008, "une partie intégrante de la culture de l'élève".

Cap sur l'AACSB

L'approche par compétence est avec l’alliance avec Oxford Brookes l’un des deux points sur lesquels l’ESC doit travailler dans le cadre de sa démarche d’accréditation AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business), lancée en 2009. "Ce type d’alliance n’est pas très présente aux USA et nous devons apporter des preuves sur la construction des programmes en cours, la qualité de ces formations ou celle du corps professoral", détaille Stéphan Bourcieu. L’objectif serait de la décrocher en 2014.

Le passage au statut associatif
Comme nombre d'autres établissements consulaires avant elle, l'ESC Dijon est passée en novembre 2012 au statut associatif. "Sans heurts", assure son directeur. Ce basculement est la conclusion d'un processus engagé dès 2006, avec l'arrivée de l'actuelle direction générale du groupe : "Entre 1996 et 2006, l'école avait connu 9 directeurs. Pas parce que mes prédécesseurs étaient mauvais mais parce que l'école était totalement inféodée à la CCI, explique l'intéressé. J'ai conditionné ma prise de fonction à la constitution d'un conseil de gouvernance."

Constitué de représentants académiques, des collectivités territoriales, des personnels et des élèves, cette instance, a permis de retrouver une stabilité. Un accord "basé sur la bonne volonté" de l'actuel président de la CCI, qui risquait de prendre fin avec la fin de son mandat. "D'où notamment la décision de se doter d'un nouveau statut juridique", poursuit Stéphan Bourcieu.

A ce jour, la quasi-totalité (92%) des 140 personnes potentiellement concernées, ont accepté le basculement sur un contrat de droit privé. Un chiffre qui traduit selon Stéphan Bourcieu l'adhésion des personnels au nouveau plan stratégique.

Cécile Peltier | Publié le