Des ouvriers à la chaîne travaillant dans des conditions pénibles. Malgré les efforts de l’industrie pour dépoussiérer son image auprès des jeunes, les clichés ont la vie dure… Les résultats du baromètre Ifop-Institut Lilly sur les jeunes et les métiers de l’industrie, dévoilés jeudi 21 novembre 2013 dans le cadre de "l'Aventure des métiers" au salon de l'éducation, ne font pas vraiment apparaître une inversion de la tendance.
Industrie ne rime pas toujours avec "sexy"
Ainsi, près des trois quarts des 15-25 ans interrogés se verraient travailler dans les services, mais seulement 48% dans l'industrie – 63% d'entre eux envisageant la fonction publique et 21% l’agriculture.
La moitié des jeunes estiment en effet que le secteur de l’industrie n'est pas sexy et en déclin.
Pour beaucoup d’entre eux, le secteur reste associé à l’idée d’un "travail à la chaine" (85%), pénible (81%), sale (55%), avec l’usine pour principal cadre (58%). Des usines qu’ils stigmatisent pour leurs activités polluantes (71%), voire dangereuses (53%).
Ingénieur, un métier qui fait encore rêver
Mais tout n’est pas si noir. En analysant les chiffres d’un peu plus près, on s’aperçoit que le tableau varie beaucoup en fonction du métier exercé et du niveau de qualification. Avec plus de 90% d’image positive, l’ingénieur occupe le sommet de la pyramide – 30% des interviewés en font même "le seul vrai métier de l’industrie".
Ensuite, on trouve notamment le responsable marketing à égalité avec le directeur de production (85%), suivi de l’ouvrier qualifié (78%). Le manutentionnaire et l’ouvrier non qualifiés (50% et 41%) arrivent loin derrière.
Un secteur jugé innovant
Alors, dépassée l’industrie ? Certainement pas ! Malgré ce regard a priori négatif, elle reste perçue comme un secteur de "haute technicité" (80%), synonyme d’innovation (75%) et de qualification (68%) pour les jeunes.
Ils sont plus d’un sur deux à estimer que l’industrie française a de l’avenir (55%), et que nos usines sont "créatrices d’emploi" (66%).
Les jeunes connaissent le métier d’ingénieur et d’ouvrier, et entre les deux, ils n’imaginent rien (V.Delvolvé-Rosset)
Manque d'information sur les filières
Cependant, quand bien même ils seraient intéressés par le secteur, les interviewés ne savent pas toujours quel chemin emprunter. Plus de 7 sur 10 se sentent "assez mal" (55%), voire "très mal informés" (16%) sur les filières scolaires et universitaires qui mènent à ces métiers. Et plus de la moitié d’entre eux (56%) aimeraient en savoir davantage.
Ainsi, ils sont plus de 70% à croire qu’il faut obligatoirement avoir suivi une formation technique pour travailler dans l’industrie… "Entre l’école, l’université et le passage en entreprise, on voit qu’il y a un 'gap'. Les jeunes connaissent le métier d’ingénieur et d’ouvrier, et entre les deux, ils n’imaginent rien. Et pourtant, il y a le créatif, les études de marché, les RH… C’est ça qu’on veut leur montrer", commente Véronique Delvolvé-Rosset, secrétaire générale de l’Institut-Lily. De quoi inciter les acteurs du secteur à poursuivre leurs actions de communication.
Association fondée par le laboratoire Lilly France, l’Institut-Lily est partenaire du site JobIRL qui organise des rencontres jeunes-professionnels, et de l’usine-école de l’université de Strasbourg. "L’idée est d’utiliser ces chiffres pour améliorer nos actions de terrain, explique Véronique Delvolvé-Rosset, secrétaire générale de l’Institut-Lily. C’est une première étape : dès l’année prochaine, nous allons conduire une enquête qualitative pour voir comment ils aimeraient qu’on leur parle de l’industrie".
(1) Cette enquête a été réalisée 2 au 6 septembre 2013 par questionnaire auto-administré en ligne, auprès d’un échantillon de 1021 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 à 25 ans selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage) après stratification par région et catégorie d’agglomération.
