Après l'IAE de Paris, devenu, en mars 2017, Sorbonne business school, celui de Toulouse a officiellement troqué, vendredi 6 octobre 2017, son acronyme historique pour une marque plus internationale. Bienvenue donc à "Toulouse School of management" (TSM). Pour la composante de l'université Toulouse 1 Capitole, l'objectif est clair et assumé : il s'agit de "gagner en visibilité sur la scène extérieure", déclare à EducPros Hervé Penan, son directeur.
Un changement de nom qui "s'inscrit bien dans notre stratégie d'ouverture à l'international, à travers notamment TSE (Toulouse school of economics) ou l'école européenne de droit, précise Corinne Mascala, présidente de l'université Toulouse 1 Capitole. À l'international, expliquer ce qu'est un IAE n'est pas évident, une école de management, beaucoup plus !"
Cette préoccupation a été bien comprise par le réseau IAE France, dont TSM reste membre : "La réflexion a été menée en bonne intelligence avec le réseau, qui compte en son sein un grand nombre d'universités et de territoires, qui affirment plus ou moins clairement cette dimension internationale. Hervé Penan nous a par ailleurs assuré de son engagement au sein du Réseau et c'est ce qui compte !" réagit Jérôme Rive, président du Réseau IAE France et directeur général de l'IAE de Lyon.
La composante de l'université Toulouse 1 Capitole, qui a démarré son internationalisation voilà cinq ans, revendique aujourd'hui autour de 15 % d'enseignants-chercheurs étrangers et vise les 35 % d'ici à quatre ans.
"Une autonomie stratégique et budgétaire"
Cette internationalisation est rendue possible grâce notamment aux "bonnes" relations entretenues avec sa tutelle. "Nous bénéficions d'une réelle autonomie stratégique et budgétaire et d'un véritable accompagnement de l'université. Ce n'est pas le cas partout", insiste Hervé Penan.
En matière de recherche, l'institut a en effet instauré depuis quelques années une politique active de repérage des talents doctorants prometteurs ou des profils plus seniors. "Nous en invitons ensuite trois ou quatre par an, à nos frais, à venir passer deux jours à l'école. Ils nous présentent leurs recherches et rencontrent avec les différents représentants de l'institut. Au final, nous proposons à l'un d'entre eux un CDD d'un an. À l'issue de cette année, celui-ci choisit ou non de rester", détaille le directeur.
Les ressources tirées de l'executive education et des chaires d'entreprises permettent à l'institut de financer des "compléments de revenus" à ces recues internationales, à qui il assure en sus une aide à l'installation (recherche d'un logement, d'une école pour les enfants, etc.). Mais la composante compte surtout sur "l'envie d'intégrer une équipe intéressante, face à des étudiants intéressants", pour attirer ces chercheurs étrangers.
Toulouse School of management abrite en effet l'un des cinq unités mixtes de recherche-CNRS en management – tout comme Paris-Dauphine, HEC, l'IAE de Grenoble et Polytechnique –, ainsi qu'une "école doctorale en sciences de gestion, comptant 75 doctorants, tous financés", spécifie Hervé Penan.
Plus d'étudiants étrangers
En changeant de nom, l'IAE, qui va poursuivre l'internationalisation de ses programmes d'enseignement, veut aussi attirer plus d'étudiants étrangers (12 % des effectifs aujourd'hui). Chacun de ses cinq départements, comprend, outre son master in international management, un parcours master 100 % en anglais. Et cela va s'amplifier. "Nous croisons aujourd'hui beaucoup plus d'étudiants étrangers dans les couloirs de l'école, cela a changé l'ambiance et nous incite à faire évoluer aussi la pédagogie", remarque le directeur, qui veut mettre l'accent sur l'innovation pédagogique dans les années qui viennent.
Cap sur Equis
Mais que pense de tout cela le directeur de TBS (Toulouse business school) ? "Je ne connais pas les effets de ce changement de marque à l'international. Ce que je sais, c'est que ce qui fait la différence, ce sont les accréditations et notamment la triple accréditation [AACSB, AMBA, Equis] dont TBS est porteuse", pointe Français Bonvalet.
Nous sommes à un moment de notre histoire où nous pouvons entrer en compétition avec les meilleurs établissements.
(H. Penan)
Cela tombe bien, Equis est la prochaine étape de TSM. Accréditée Epas depuis 2008 pour son master in management, TSM s'intéresse désormais de près à Equis, également décernée par l'EFMD. "Nous avons un laboratoire de recherche, 3.000 étudiants avec des taux d'insertion dignes des meilleures écoles françaises [90 % ont trouvé un emploi au bout d'un an]. Nous sommes à un moment de notre histoire où nous pouvons entrer en compétition avec les meilleurs établissements. Et l'accréditation Equis, qui permet de formaliser une stratégie et d'en mesurer les effets, serait un bon outil", estime Hervé Penan.
Si près de la moitié des grandes écoles de commerce hexagonales – 18 sur une quarantaine, sans compter Dauphine – ont décroché le précieux sésame, à ce jour, seul un IAE, celui d'Aix-Marseille (Aix Graduate School of Management), est accrédité Equis.
Unir ses forces en matière de recherche
Malgré ses points forts, s'il veut vraiment tirer son épingle du jeu sur le plan international, l'IAE devra travailler main dans la main avec les établissements du territoire produisant aussi de la recherche en gestion. "La recherche est un métier qui nécessite une masse critique et, en tant que laboratoire CNRS, nous avons la responsabilité d'accueillir, de fédérer les enseignants-chercheurs qui le souhaitent", assure Hervé Penan.
Y compris avec TBS (Toulouse business school) ? "Nous sommes en concurrence frontale sur l'offre de formation, mais nous sommes partenaires en matière de recherche", estime Hervé Penan. L'IAE a signé, le 9 octobre 2017, une convention-cadre associant plus étroitement l'école de commerce à son école doctorale.