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Universités en région PACA : un jeu d'associations multiples

Camille Stromboni Publié le
Universités en région PACA : un jeu d'associations multiples
Aix-Marseille université - Saint-Charles - bibliothèque - décembre 2012 – ©C.Stromboni // © 
Aix-Marseille, Avignon, Nice et Toulon. Les quatre universités de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur), qui compte deux académies, s'orientent vers un jeu d'associations multiples dans le paysage en mouvement de l'enseignement supérieur. Avec une place particulière pour le site toulonnais, à mi-chemin entre Nice et Marseille.

"L'université d'Aix-Marseille n'a absolument pas l'intention d'aller vers une structure supplémentaire comme la communauté d'universités. C'est ferme et définitif". Le président Yvon Berland n'a pas changé d'avis, au moment où les universités achèvent de dessiner les contours des regroupements à venir, suite à la loi sur l'enseignement supérieur adoptée à l'été 2013.

Yvon Berland - université Aix-Marseille - ©CS déc2012"Avec la fusion des trois universités du site, nous considérons que le travail nécessaire a été réalisé, d'autant qu'il n'est pas terminé", explique-t-il. Dont acte.

Les trois autres universités de la région PACA semblent justement sur la même ligne : associative, plutôt que communautaire.

Une association entre Aix-Marseille et Avignon

Dans l'académie d'Aix-Marseille, le mastodonte de 70.000 étudiants envisage ainsi de se rapprocher de sa voisine avignonnaise. Les discussions sont en cours, indiquent les deux présidents d'université. "Nous allons réunir les collègues autour de la table pour réfléchir aux projets communs en formation et en recherche", prévoit Yvon Berland.

Emmanuel Ethis - université Avignon - ©CS 2012L'université d'Avignon travaille également à s'associer avec ses partenaires locaux, indique son président Emmanuel Ethis, de même qu'Aix-Marseille avec Sciences po Aix ou Centrale Marseille.

Quant à l'Idex [Initiative d'excellence] obtenue par l'AMU (Aix-Marseille université), elle demeure sous la coupe du comité de pilotage initial, avec notamment les organismes de recherche et le CHU.

Nice et Toulon : la structuration des sites avant l'échelle académique

Frédérique Vidal - Université de Nice - ©CS 2013Du côté de l'académie de Nice, les deux universités de Nice et Toulon comptent dans un premier temps s'attacher à une structuration au niveau de chacun de leur site, avant de trancher sur le lien formel les unissant.

"Nous allons établir des conventions d'association avec l'ensemble de nos partenaires du 06 (Alpes-Maritimes), déjà réunis dans PERSAN, de manière très large, explique la présidente niçoise Frédérique Vidal. C'est-à-dire avec les organismes de recherche, l'Ecole des mines, l'Observatoire de la Côte d'Azur, Eurecom, Skema, l'Edhec…"

Même chose pour le site toulonnais. "Il faut effectuer cette mise en cohérence au niveau local, avant d'aller plus loin, estime le président Marc Saillard. Nous avons travaillé notamment à la fusion des deux écoles d'ingénieurs, pour créer Seatech. Nous collaborons avec l'Ifremer sur la robotique sous-marine, ou encore avec l'Isen et Kedge. Nous allons d'ailleurs répondre ensemble à l'appel d'offres Quartiers numériques", expose-t-il.

L'urgence est ailleurs

Marc Saillard - université ToulonA l'échelle académique, tout reste ouvert, assurent les deux présidents. Pour Marc Saillard tout de même, la communauté ne parait pas vraiment une option réaliste, en raison des lourdeurs induites. "Les discussions sont engagées avec l'université de Nice pour définir nos objectifs communs, probablement via une convention d'association, décrit-il. Car créer une université supplémentaire au-dessus, ce serait un travail immense, pas forcément dans l'intérêt de nos établissements", glisse-t-il.

Notre urgence aujourd'hui, c'est d'abord de gérer les fortes contraintes budgétaires (F.Vidal)

Une réflexion sans urgence aucune, prévient-on des deux côtés. Contrairement aux communautés, dont les statuts doivent être adoptés un an après la loi –  soit d'ici l'été 2014 – l'association serait à rapprocher des échéances du contrat de site, estiment les responsables. C'est-à-dire à l'horizon 2018 pour Nice et Toulon. "Les moyens fléchés vers ce nouvel objet commun ne le seront pas avant cette date", fait remarquer Marc Saillard.

"D'ici là, nous aurons défini le format qui nous convient le mieux, conclut son homologue Frédérique Vidal. Mais notre urgence aujourd'hui, c'est d'abord de mettre les statuts de nos universités en conformité avec la loi, d'appliquer les nouvelles nomenclatures de licence, et tout simplement de gérer les fortes contraintes budgétaires que nous rencontrons."

Toulon, dans l'entre-deux

Une prudence que peut aussi expliquer la position particulière du partenaire toulonnais : ancré dans l'académie niçoise, certes, mais à mi-chemin entre Nice et Marseille ! "Avec des intérêts communs avec nos deux universités", relève Frédérique Vidal.

Le président toulonnais réfléchit en effet à une double association – Marseille y serait favorable. "Etant donnés notre position, et nos liens tout aussi importants des deux côtés, une structuration régionale serait idéale, mais nous savons que nous n'y sommes pas prêts du tout. Il semble sinon possible de signer deux conventions, à condition de choisir un rattachement principal", note Marc Saillard.

Université de Nice - SophiaTech - Avril 2013 ©C.StromboniUniversité de Nice - Site de Sophia Antipolis SophiaTech - (©C.Stromboni Avril 2013)

Quid du chef de file pour l'association ?

Reste une problématique commune aux diverses associations des deux académies : il faudra choisir un chef de file. La ministre Geneviève Fioraso a en effet clairement insisté sur sa volonté de n'avoir plus qu'un interlocuteur par site, avec qui elle signera le contrat de site instauré par la loi ESR. Cette question sensible avait été quelque peu évacuée au moment du vote de la loi, en intitulant ce mode de regroupement "association" plutôt que "rattachement" comme prévu initialement.

S'il faut un porteur, il me semble légitime que ce soit l'AMU (Y.Berland)

"Nous ne savons pas encore très bien comment cela va se passer mais s'il faut un porteur, il me semble légitime que ce soit l'AMU, imagine Yvon Berland. Quoi qu'il en soit, les contrats d'établissement doivent perdurer, même au sein des contrats de site."

A Toulon, Marc Saillard reconnait que cela participe évidemment à son inquiétude. "Avoir un chef de file, auquel nous déléguons notre négociation avec le ministère et qui sera maître de la répartition des moyens attribués au projet commun, cela engendre bien sûr quelques craintes pour nos petites universités, qui risquent d'être moins bien représentées sur ces questions stratégiques. Nous savons, en outre, qu'il ne s'agira pas de délivrer des dotations supplémentaires pour les sites, mais de répartir autrement l'enveloppe existante, entre les sites et les établissements...", fait valoir le président.

Et d'ajouter tout de même, rassurant : "malgré tout, je pense que cela peut marcher !".

Lire aussi
- La biographie d'Yvon Berland (université d'Aix-Marseille)
- La biographie d'Emmanuel Ethis (université d'Avignon)
- La biographie de Frédérique Vidal (université de Nice Sophia Antipolis)
- La biographie de Marc Saillard (université de Toulon)

Camille Stromboni | Publié le