Avant d'aborder le modèle économique des Mooc, est-ce que ces cours, qui suscitaient l'enthousiasme il y a quelques années, ne sont pas en train de s'essouffler ?
Après l'engouement déclenché par ces cours d'un nouveau type, qui a été à son plus haut niveau en 2012-2013, des critiques se sont en effet fait entendre sur leur qualité, leur coût et leur pertinence. Les attentes ont décru et leur modèle économique a été remis en question.
Je fais l'hypothèse qu'au-delà de l'effet de mode, il s'agit d'un réel phénomène de société, bien qu'encore très immature dans sa version actuelle.
L'enjeu financier aujourd'hui est de trouver, soit dans une logique défensive, comment amortir la fabrication des Mooc pour ne pas perdre trop d'argent, soit dans une logique entrepreneuriale, comme obtenir un retour sur investissement.
Quelles recettes les Mooc peuvent-ils engranger ?
Il existe aujourd'hui trois niveaux de certification, dont les prix vont croissants. Au-delà de l'attestation de participation, très peu onéreuse, les plates-formes proposent de délivrer à l'issue d'un Mooc un certificat d'acquisition de connaissances, voire d'une spécialisation quand plusieurs cours relevant d'une même thématique ont été suivis.
C'est le cas, par exemple, de Future Learn, qui permet d'obtenir un certificate of achievement moyennant 39 pounds. De son côté, Udacity délivre les Nanodegrees pour ceux qui ont suivi des parcours allant de six à douze mois de cours, en y incluant du coaching en visioconférence et des activités de groupe évaluées. Les certifications payantes constituent aujourd'hui le principal modèle économique des Mooc.
EdX, quant à elle, va plus loin avec sa Global Freshman Academy : les cours validés dans le cadre d'un Mooc peuvent être convertis en crédits, puis en licence certifiée de l'université d'Arizona, partenaire de ce projet.
Les certifications payantes constituent aujourd'hui le principal modèle économique des Mooc.
Les Mooc pourraient-ils devenir payants ?
Il faut déterminer si un Mooc payant est encore un Mooc. Cela contredit la philosophie initiale et le o d'"open", mais, sur le plan pédagogique, il me semble que oui. D'ores et déjà, le paiement à l'acte commence à se développer, car c'est une manière de rentabiliser l'investissement de départ.
À LearnAssembly, nous avons proposé, avec le groupe Poult, un Mooc sur l'innovation managériale et nous nous rendons compte que demander un ticket d'entrée, en l'occurrence de 19 euros, n'est pas bloquant.
Il n'est pas certain que, dans cinq ans, il existera encore des Mooc totalement gratuits. D'une manière ou d'une autre, il faudra payer pour suivre un Mooc ou en être certifié.
Comment le marché va-t-il vraisemblablement évoluer ?
Concernant le business du B to C [business to consumer], qui est encore à consolider, la logique devrait être celle du "winner takes all", qui prévaut dans le domaine du numérique. La capacité à investir et à faire des économies d'échelle est alors déterminante, ce qui accentuera la concentration du marché d'ici à trois ou cinq ans. D'où un écrémage du marché des plates-formes de Mooc.
Le second modèle, B to B [business to business], est celui du digital learning hybride. Le Mooc constitue une modalité pédagogique parmi d'autres : il s'intègre dans un dispositif de formation continue en blended learning, incluant un Mooc ou certains modules de Mooc dans une logique de micro learning, correspondant mieux aux attentes des entreprises qu'un Mooc pur, trop long et trop académique pour elles.
D'une manière générale, s'il est probable que nous assisterons à une uberisation des plates-formes, ce ne devrait pas être le cas des Mooc eux-mêmes. Car les besoins, les attentes et les temporalités en matière d'éducation sont tels qu'il est impossible de standardiser l'offre de formation en ligne.
Fondée en 2012, cette société accompagne une trentaine de grandes entreprises dans leur stratégie de transformation digitale, via des Mooc corporate et des programmes blended learning, comme l'académie digitale d'Axa.
Pour en savoir plus, consulter le site de LearnAssembly.