Vous avez un parcours atypique : ancien judoka de niveau international, vous êtes aujourd'hui directeur général d'Auvence, une société qui regroupe des activités dans les domaines de l'immobilier, de la santé et de l'enseignement supérieur, via des écoles comme Ingésup ou Infosup. Quel a été votre parcours et comment s'est passée cette reconversion ?
J'ai fait des études à Nanterre, où j'ai obtenu un DESS de droit et économie du sport, tout en m'entraînant à l'Insep. Licencié du Racing Club, j'ai intégré l'équipe de France de judo en 1996. Je voulais participer aux Jeux olympiques de Sydney en 2000 mais je n'étais pas dans les clous. À 28 ans, j'ai dû ranger mon kimono et penser à ce que j'allais faire.
J'avais rencontré Lionel Desage, l'actuel président d'Auvence, sur les tatamis, et il cherchait un associé pour développer des projets immobiliers. Ensemble, nous avons préparé un DESS de gestion de patrimoine. Peu à peu, nous avons acquis un savoir-faire dans le diagnostic des opérations immobilières, avant de passer à l'étape de la construction, puis à celle de la gestion.
Nous avons alors créé une filière spécifique, spécialisée dans les établissements pour personnes âgées dépendantes. Forts de cette expérience de gestion d'activités réglementées dans des locaux accueillant du public, nous nous sommes tournés vers le secteur de la formation, qui offre des possibilités de développement importantes et sur lequel nous souhaitons nous concentrer désormais.
Quelle est la ligne directrice de votre stratégie de rachat d'écoles ?
Nous essayons de trouver de jolies pépites que nous regroupons sous le label Y-nov autour du fil conducteur des métiers du numérique. Nous avons choisi le digital pour une raison très pratique : c'est un secteur d'avenir qui offre de nombreux emplois. Nous rachetons ainsi des formations que nous déployons sur nos campus en région. Le projet a démarré il y a quatre ou cinq ans, avec le rachat d'Ingésup en 2010, puis ceux d'Infosup, de Lim'art et enfin de l'Isee et l'Eicar au dernier trimestre 2014.
Nous rachetons des formations que nous déployons sur nos campus en région.
Comment êtes-vous organisés ?
Nous sommes six associés, dont trois fondateurs qui travaillons ensemble depuis quinze ans. Le fonds 123Venture nous accompagne sur le plan financier, tandis que nous restons des opérationnels, des industriels.
Filiale d'Auvence, Y-nov possède elle-même ses filiales car nous créons une société par campus avec, à sa tête, un directeur : cela permet d'avoir un interlocuteur unique au niveau local, pour le rectorat par exemple. Les étudiants, eux, bénéficient de prestations de services communes, notamment grâce aux partenariats que nous nouons avec les entreprises du secteur informatique : licences Microsoft gratuites, réductions chez Dell et Apple.
Notre objectif est tout d'abord que nos étudiants se sentent bien dans leur école, puis que nos diplômés trouvent un emploi et puissent évoluer dans leur secteur d'activité.
Avez-vous un projet pédagogique commun aux différentes écoles ?
Nous misons beaucoup sur la pédagogie par projets et le mélange d'étudiants de différentes filières et promotions qui travaillent ensemble dans des espaces de coworking dédiés. Nous incitons aussi nos étudiants à suivre leur cursus en alternance car cela leur permet d'acquérir une expérience tout en diminuant le coût de leur formation, les frais d'inscription se montant à 6.000 ou 9.000 € par an.
Nous espérons atteindre un chiffre d'affaires de 35 millions d'euros d'ici à la rentrée 2015.
En quoi vous distinguez-vous des formations tournées vers le numérique, comme l'école 42 ?
Nous nous retrouvons dans l'état d'esprit de 42, qui est très proche du nôtre. D'ailleurs, Nicolas Sadirac [le directeur de l'école 42, ndlr] fait partie du conseil de perfectionnement du bachelor en management digital que nous mettons en place en partenariat avec l'Essca à la rentrée 2015. Cependant, notre modèle pédagogique est plus équilibré que celui de 42 : les projets représentent entre 30 et 40% de la formation, et non la totalité du cursus. Notre spécificité est de faire travailler ensemble les étudiants sur des projets communs. Nous voulons devenir un pure player des formations digitales, et nous commençons à être un référent dans ce domaine.
Quels sont vos objectifs de développement ?
Nous sommes aujourd'hui présents à Paris, Bordeaux, Toulouse, Aix-en-Provence et Lyon, ainsi qu'à Nantes à partir de la rentrée 2015. Dans toutes les villes où nous sommes implantés, nous avons le projet de construire de véritables campus numériques, avec des bâtiments modernes dotés d'équipements spécifiques. Le premier ouvrira à la rentrée 2017 à Nanterre, avec notamment un plateau de 1.000 m2 ouvert à tous dédié au coworking et propice à créer de l'émulation. Nous prévoyons d'en avoir au moins un deuxième en région parisienne, et sept en province.
Côté financier, le chiffre d'affaires de nos activités de formation s'élève à 10 millions d'euros, avec une croissance très rapide. Nous espérons atteindre 35 millions d'euros d'ici à la rentrée 2015.
- 5 écoles : Ingésup, Infosup, Lim'art, Isee et Eicar.
- Une formation en partenariat à partir de la rentrée 2015 : le bachelor Digital Management de l'Essca.
- Des campus à Paris, Bordeaux, Toulouse, Aix-en-Provence et Lyon, ainsi qu'à Nantes à partir de la rentrée 2015.
- 4.000 étudiants à la rentrée 2015.