La création de l'université Paris-Saclay était prévue pour le 1er janvier 2014. Pour quelles raisons l'échéance est-elle repoussée de plusieurs mois ?
La date du 1er janvier avait été fixée il y a plus d'un an. Mais il y a eu entre-temps la promulgation de la loi ESR avec tous les débats qui ont précédé l'entrée en vigueur du texte. Nous avions stoppé nos travaux durant cette phase pour suivre avec attention le cycle parlementaire. Le groupe de travail a été relancé après la mise en œuvre de la loi.
Nous travaillons désormais au texte décrivant les statuts de la future université. Actuellement, des préconsultations sont menées auprès des 19 partenaires pour que ces derniers puissent analyser les textes et y déceler d'éventuelles limites par rapport à leur propre organisation. Nous allons effectuer des ajustements, avant de transmettre, au printemps, les statuts définitifs au ministère.
L'une des grandes difficultés du projet est qu'il doit être approuvé par tous les conseils d'administration et ce, à la virgule près. C'est essentiel sur le plan juridique mais aussi pour l'appropriation du projet par les parties prenantes. L'enjeu est de taille : les établissements vont signer un pacte irréversible.
En ce qui concerne la CUE (communauté d'universités et établissements), quel principe a été choisi ?
Un principe que je qualifierais de mixte confédéral/fédéral : les établissements conservent leur identité mais acceptent de confier à la communauté la coordination de certaines de leurs missions et de lui déléguer certaines de leurs compétences.
Des compétences parmi lesquelles la délivrance des doctorats et des masters, par exemple ?
En effet, l'université délivrera doctorats, masters et bientôt licences. Les établissements en seront alors les opérateurs. Il a fallu homogénéiser l'offre. En six mois, nous avons recomposé les écoles doctorales. Elles seront au nombre de 17, réunies dans un collège unique dans une perspective “d'assurance qualité” : quel que soit le domaine choisi par le futur docteur et l'établissement où il exerce, le niveau d'exigence sera le même.
Ce travail effectué sur l'offre de doctorat a également été réalisé pour les masters. Nous sommes partis d'une cartographie de 450 diplômes pour arriver à une cinquantaine. Pour des raisons historiques, certaines écoles ou universités peuvent continuer de proposer un master propre ou coaccrédité avec d'autres établissements, en particulier dans Paris intra-muros. L'engagement pris dans le cadre de l'Idex était clair : à l'issue des quatre premières années, nous devions arriver à 30 % des masters communs. Nous serons très largement au-dessus de ce taux.
Nous serons très largement au-dessus du taux initialement prévu de 30 % de masters communs
Que deviennent les diplômes des écoles, notamment ceux d'ingénieurs ?
Ils continueront d'exister, abrités au sein des composantes de coordination de la formation, pour l'instant appelées “schools”. Ces dernières seront huit ou neuf. Leur nombre n'est pas encore arrêté.
Il reste donc encore quelques incertitudes ?
Oui, car il n'existe évidemment pas d'organisation parfaite. Nous démarrons cette aventure avec une certaine vision des choses. Mais il n'est pas impossible que, au bout de trois ans, nous nous rendions compte qu'une nouvelle “school” doit être créée ou qu'il faut en segmenter deux autres…
N'injurions pas l'avenir et ne pensons pas que nous pouvons tout prévoir. L'Université Paris-Saclay est un mécanisme évolutif, une structure vivante qui doit s'adapter au monde qui l'entoure. Le processus d'amélioration doit donc être continu.
Quelles seront les structures de gouvernance mises en place ?
L'université comptera trois outils de gouvernance, qui mêleront acteurs scientifiques et directions d'établissements. Le conseil académique sera composé de 220 personnes et organisé en deux sous-ensembles. Le premier, de 150 personnes, aura vocation à traiter les aspects scientifiques. Il rappelle dans sa structure l'actuel Sénat académique, que nous avons créé et qui a actuellement un rôle consultatif au sein de la Fondation. Le second, de 70 membres, s'occupera de la formation et du campus.
Deuxième instance, le conseil des membres de l'université réunira les directeurs ou présidents de chaque institution membre. Le conseil sera consulté sur des points importants tels que le règlement intérieur ou le budget. Les projets seront discutés, pour que chaque membre puisse s'exprimer et émettre son avis. Ensuite, lorsque le conseil des membres se sera mis d'accord, les projets seront présentés au conseil d'administration de l'université, qui sera composé de 26 personnes, dont deux personnalités issues du monde économique.
Lorsque l'université verra le jour, qu'adviendra-t-il de la Fondation ? Est-elle vouée à disparaître ?
Ce n'est encore qu'une orientation et le dossier est loin d'être finalisé. Ce qui est certain, c'est que toutes les grandes universités ont une fondation, qui sert notamment à lever de l'argent. Nous partirons donc sur ce modèle. Reste à déterminer les lignes administratives de cette fondation.
Aujourd'hui, le projet réunit 19 partenaires. Certains établissements ont d'ores et déjà fait acte de candidature, à l'image de Télécom EM, de l'ENSIIE ou encore de l'université d'Évry. Y a-t-il eu d'autres prises de contact ?
Il est vrai que certains établissements ont fait acte de candidature. Ceux que vous citez en effet, mais nous avons également reçu une lettre de l'ECE, et l'ESTACA va déménager dans les prochains mois à Saint-Quentin-en-Yvelines…
Nous avons défini un mécanisme d'évaluation et d'acceptation des candidatures : le but est de faire de ces établissements associés des partenaires à part entière. Pour cela, tous les candidats s'engageront dans une démarche d'amélioration continue. Cette exigence de qualité est un élément indispensable de notre démarche et de l'attractivité internationale de l'université Paris-Saclay.
Établissements d’enseignement supérieur et de recherche
- AgroParisTech
- Centrale Paris
- HEC
- Polytechnique
- ENS Cachan
- ENSTA ParisTech
- Supélec
- Genes (Groupe des écoles nationales d'économie et statistique)
- Institut Mines-Télécom
- Institut d’optique Graduate School
- Université Paris-Sud
- Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines
Organismes de recherche
- CNRS
- CEA
- IHES (Institut des hautes études scientifiques)
- INRA (Institut national de la recherche agronomique)
- INRIA (Institut national de recherche en informatique et automatique)
- ONERA (Office national d’études et de recherches aérospatiales)
- Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale)
En décembre dernier, l’École polytechnique présentait sa toute nouvelle identité visuelle. L’établissement a choisi d’inclure à son logo la mention “Université Paris-Saclay”. C’est le premier partenaire de la future université à franchir le pas. Un signe jugé “extrêmement positif” par Dominique Vernay.
Quant à l’identité visuelle de la future université, un appel d’offres a été lancé. Les dossiers de candidature ont été recueillis le 15 décembre 2013.