Les résultats de l’Idex sont tombés le 22 janvier 2016. Grenoble fait partie des quatre lauréats…
C’est une excellente nouvelle. Nous allons désormais nous atteler à l’installation des structures nécessaires pour développer le projet, piloté par la Comue (Communauté d’universités et d’établissements) qui réunit universités et écoles.
Dans la dernière ligne droite de la compétition de l’Initiative d’excellence, nous avons précisé la gouvernance et son évolution à dix ans. Il est certain que la fusion des universités a permis de simplifier les choses. Nous avons avancé le plus possible, mais il reste délicat d’apporter une réponse complète aujourd’hui, faute d’option juridique évidente pour accomplir le rapprochement entre écoles et universités. Nous devrons dessiner ce modèle ensemble, pas à pas.
Vous êtes la première présidente de l’université Grenoble-Alpes, née le 1er janvier de la fusion des trois établissements grenoblois. Quelle est votre priorité pour l’année 2016 ?
2016 sera une année de structuration. Nous allons mettre en place toutes les instances, les nouvelles procédures et tester la réorganisation administrative. Nous allons également écrire ensemble le projet politique de l’établissement. Le dialogue avec les composantes et les laboratoires va aboutir à construire des contrats d’objectifs et de moyens avec chacun d’entre eux, ainsi qu’à bâtir la campagne d’emplois à venir.
Nous allons enfin préparer le budget 2017, qui sera le premier véritable budget de l’université fusionnée. Celui de 2016 a été élaboré en agglomérant au mieux nos trois budgets, car nous étions encore trois établissements séparés.
Quels gains espérez-vous de la fusion ?
Nous allons gagner en cohérence, en visibilité, en force. Nous sommes désormais une université pluridisciplinaire sur le modèle international. L’interdisciplinarité pourra plus facilement s’y développer. Même si nous collaborons depuis longtemps ensemble, au bout d’un moment, nous nous sommes heurtés au fait d’appartenir à des établissements différents.
Nous comptons aussi dégager des marges de manœuvre en termes de moyens et de personnels, grâce à une meilleure efficacité. Ce qui permettra de renforcer les composantes qui en ont besoin. Tout en étant bien conscients que, dans un premier temps, une fusion coûte plus qu’elle ne rapporte.
Il n’est plus possible de laisser les universités seules face à cette progression des effectifs étudiants. Des moyens sont nécessaires.
Vous avez évalué à 2 millions d’euros le coût de la fusion. Le ministère vous apporte-t-il le soutien financier que vous lui avez demandé ?
Le ministère nous a proposé 1,1 million d’euros en 2016. Ce qui correspond, en réalité – après avoir soustrait le remboursement que l’État nous devait pour les avances de cotisations sociales de la loi TEPA –, à 700.000 euros. C’est déjà ça, mais nous avons besoin de plus, l’enjeu est de taille. Nous espérons que l’autre million nécessaire sera là en 2017.
D’autant plus que deux des trois ex-universités ont été ponctionnées sur leurs fonds de roulement l’an dernier, ce qui est un processus proprement scandaleux. Nous avons d’ailleurs refusé, fin 2015, de voter les budgets modificatifs actant ce prélèvement, laissant aux recteurs la décision de l’État.
La première rentrée de l'université Grenoble-Alpes, en septembre 2016, sera un moment clé. Comment comptez-vous faire face au choc démographique qui devrait s’amplifier ?
Les filières les plus en tension chez nous sont les mêmes qu’au niveau national : les Staps, la psychologie, le droit, ainsi que les sciences éco-gestion.
Les collègues de Staps ont déjà engagé un travail de transformation des modes pédagogiques, avec une partie d’enseignement en présentiel, une autre à distance et du tutorat. Un système qui permet d’accueillir tous les étudiants de l’académie, sans tirage au sort. Avec des résultats satisfaisants, sans nuire à la réussite. Nous allons avancer cette réflexion autour des modes pédagogiques dans les autres filières de l’université.
Jusqu’ici, nous avons pu y accueillir tous les bacheliers de l’académie qui le souhaitaient. Même si nous avons été obligés, parfois, de proposer davantage de cours magistraux, ou de mettre en place des groupes de TD avec beaucoup d’étudiants.
Nos effectifs montent partout. Il n’est plus possible de laisser les universités seules face à cette progression. Des moyens sont nécessaires. Et la question doit concerner l’ensemble du système d’enseignement supérieur. Sachant que, si l’État veut élever la classe d’âge diplômée à 60%, cela correspondra surtout à augmenter le niveau d’études des bacheliers professionnels et technologiques.
- La biographie EducPros de Lise Dumasy