Quelle est votre priorité pour l'année 2014 ?
J'envisage l'année en deux temps. Il y a tout d'abord les trois mois qui viennent, où nous allons mettre en place la nouvelle structure de l'université, organisée en quatre collèges de formation [sciences et technologies, santé, droit-économie-gestion, sciences humaines et sociales] et trois départements de recherche [sciences et technologies, biologie-santé, sciences humaines et sociales]. Les conseils des ces niveaux intermédiaires seront élus dans ce délai.
Il s'agit également de lancer des structures spécifiques, propres à l'université unique, notamment le service universitaire pédagogique, l'Espé, ou encore d'effectuer la réunion des IUT. Côté administratif, nous allons rendre opérationnels les neuf pôles et grands services que nous avons construits.
Je ne dis pas que nous atteindrons un fonctionnement tout à fait normal en trois mois, il s'agit d'une année de transition. Mais nous poursuivons un travail engagé depuis trois ans, sur lequel plus de 700 personnes se sont investies. Cet objectif de mise en œuvre de l'organisation nouvelle sera justement celui de notre contrat de site, que nous préparons actuellement.
Notre second défi en 2014 sera la réussite de la première rentrée académique de l'université de Bordeaux. Toutes nos structures doivent être opérationnelles d'ici là.
Reste-t-il des fusions de services à réaliser ?
La réorganisation administrative est déjà très avancée. Le nouvel organigramme administratif est prêt, avec 9 pôles et grands services déjà préfigurés (DRH, finance, système d'information, etc.). Nous avons réalisé 4 campagnes de mobilité des personnels, afin que chacun puisse se repositionner sur ces nouveaux services. La convergence des systèmes indemnitaires et du temps de travail est faite.
Il nous reste un dossier important : la localisation définitive de certains services. Nous allons aussi travailler certaines questions concernant les agents non titulaires, ou encore les PRAG. Je rencontre les syndicats la semaine prochaine pour fixer l'agenda du dialogue social qui va se poursuivre.
Nous avons fait le choix d'un budget de précaution, avec une diminution de 10 % du budget de fonctionnement et un gel de postes équivalent à une cinquantaine d'emplois
Plusieurs universités sont en difficulté budgétaire. Comment se porte la vôtre ?
La question budgétaire est justement un dossier difficile et important pour cette première année d'existence. Nous avons construit ce premier budget – qui a été voté sous l'administration provisoire – à partir de nos trois budgets respectifs. Sachant que chaque université avait sa logique propre, son histoire, son niveau d'encadrement des étudiants ou encore son évolution du GVT [Glissement vieillesse technicité – progression de la masse salariale due à celle des carrières des fonctionnaires, ndlr].
Nous avons donc fait le choix d'un budget de précaution, avec une diminution de 10 % du budget de fonctionnement et un gel de postes équivalent à une cinquantaine d'emplois. Cette économie sur la masse salariale représente 2,4 millions d'euros sur l'année 2014 – 3,5 millions en année pleine. Nous n'avons fermé aucune formation.
Nous avons ainsi tout fait pour ne pas être en déficit en 2014. Car si nous disposons de nombreux indicateurs, il demeure forcément une inconnue de taille avec la fusion, principalement concernant la consommation de la masse salariale. Nous attendons aussi de voir l'exécution budgétaire 2013, afin de juger de la réalité de notre situation financière.
Cette prudence est cruciale, nécessaire pour conserver notre capacité d'investissement, ce qui est incontournable pour les débuts d'un nouvel établissement.
Prévoyez-vous également des coûts supplémentaires dus à la fusion, comme les expériences strasbourgeoise ou marseillaise ont pu le montrer ? L'État vous accompagne-t-il dans cette démarche ?
Il faut tout d'abord bien être conscient que la fusion n'a pas une logique financière. En théorie, une fusion peut coûter aux établissements, non pas en masse salariale, mais plutôt en fonctionnement, par exemple pour réaliser les divers déménagements ou répondre aux nouveaux besoins. Ensuite, à moyen terme, cela doit permettre de véritables économies grâce à la rationalisation des dépenses.
Nous estimons pour l'instant que le surcoût initial devrait être faible pour l'université de Bordeaux.
L'État nous accompagne en effet depuis la mise en place du PRES. Nous espérons bien sûr des moyens pour la fusion, c'est en discussion, mais il ne s'agit pas seulement d'une question financière, nous avons aussi besoin d'emplois.
Cette année, nous avons obtenu que les nouveaux postes attribués [dans le cadre des 1.000 emplois annuels] à l'université de Bordeaux soient calculés en fonction du périmètre des anciennes universités, afin d'éviter que les établissements sous-dotés ne soient pénalisés en la matière.
L'université de Bordeaux fusionnée aura-t-elle un impact pour les étudiants dès cette année ?
Les étudiants ont déjà anticipé le changement puisqu'ils se sont très fortement mobilisés aux dernières élections de leurs représentants. Ils pourront voir la différence avec l'aide à la pédagogie qui va être renforcée, ou encore la mise en place des “conseils de vie de campus”, où ils seront très présents. Une partie de l'offre de formation va aussi changer progressivement, avec le développement de la pluridisciplinarité.
En revanche, nous n'avions quasiment aucun recoupement disciplinaire entre les trois universités, donc les sites géographiques d'études vont rester les mêmes.
La fusion avec Bordeaux 3 ne peut s'imaginer qu'à plus long terme. [...] Nous n'en sommes pas là, et nous ne voulons absolument pas forcer la main à quiconque
L'université Michel-de-Montaigne (Bordeaux 3) n'a pas participé à la fusion, de même que l'IPB (Institut polytechnique de Bordeaux) ou l'IEP (institut d'études politiques) qui, eux, devaient initialement en faire partie. Quel lien pensez-vous désormais construire avec eux ?
Nous avons plusieurs partenaires très proches sur le site de Bordeaux. Avec l'IPB et l'IEP, nous discutons d'une association, de même qu'avec Bordeaux Sciences Agro, qui dépend du ministère de l'Agriculture.
Nous souhaitons évidemment mettre en place également un lien privilégié avec Bordeaux 3, qui est notre partenaire naturel. Les modalités restent à définir, il faut trouver la solution la plus efficace possible. Nous avons besoin d'un modèle d'association assez fort car nos problématiques communes sont nombreuses : qu'il s'agisse de la gestion des installations sportives sur nos campus, de la restauration universitaire ou de la gestion de l'Idex au sein de laquelle nous partageons plusieurs Labex.
Espérez-vous que l'université Michel-de-Montaigne fusionne bientôt elle aussi avec l'université de Bordeaux ?
Fusionner est une action très complexe. La fusion avec Bordeaux 3 ne peut s'imaginer qu'à plus long terme, il est nécessaire de laisser passer au moins un contrat quinquennal. Donc, aujourd'hui, nous n'en sommes pas là, et nous ne voulons absolument pas forcer la main à quiconque.
Quel rôle va désormais jouer l'ex-PRES de Bordeaux – devenu communauté – auquel appartient l'université de Pau et des Pays de l'Adour ?
L'université de Bordeaux concerne le site bordelais tandis que la Comue dispose elle d'une vocation régionale. Nous sommes une grande région, et la dimension “Aquitaine” sera traitée à ce niveau.
- La biographie EducPros de Manuel Tunon de Lara.
- Les billets du blogueur Pierre Dubois dans sa rubrique Aquitaine, notamment : Bordeaux, un monstre institutionnel.
- Notre portrait d'université : En Lorraine, l'an II de la fusion (octobre 2013)
- Notre portrait d'université : Aix-Marseille : la fusion, un an après (janvier 2013)
- Notre portrait d'université, en deux volets, de l'université de Strasbourg (mars 2011) : Des chantiers et des hommes et Une nouvelle identité
- Notre portrait de l'université Michel-de-Montaigne Bordeaux 3 : La recherche dans tous ses états