Chaque académie comporte ses spécificités. Quelles sont celles de Nantes, notamment en matière d'enseignement supérieur ?
L'académie de Nantes a au moins une spécificité, ce sont ses taux de réussite toujours excellents au brevet (86,3% en 2012) et au bac (bac général 93,6%, bac techno 90,3% et bac pro 81,4%). Le bac professionnel a connu un décrochage lors de la dernière session, mais ce phénomène vaut à l'échelon national. Toujours parmi les 2 ou 3 premières académies en matière de résultats aux examens, l'académie possède paradoxalement un taux de poursuite d'études dans l'enseignement supérieur sensiblement inférieur à la moyenne nationale (71,2 % contre 74,9 % en 2010). C'est un point sur lequel nous allons agir.
Avez-vous identifié les raisons de ce décrochage ?
Il est encore trop tôt pour vous répondre. Nous devons encore travailler avec mes équipes pour analyser les chiffres et établir un diagnostic, mais je suis sûr d'une chose : l'offre de formation n'est pas en cause. Très riche, elle est régulièrement répartie sur le territoire. Toutes les formations sont représentées. L'université de Nantes (32.000 étudiants) est l'un des plus grands pôles universitaires de France et Angers et Le Mans, de taille plus modeste, ont su développer en matière de recherche des secteurs de niche très performants, reconnus sur le plan international : acoustique ou assurances au Mans, tourisme à Angers...
Comment allez-vous vous y prendre pour remédier à ce faible taux de poursuites d'études?
Nous allons développer et approfondir les initiatives d'information et de communication dans la logique du bac-3/bac +3. Nous allons concentrer une partie de nos efforts sur les bacs pro, afin d'accompagner ceux qui le souhaitent et en ont les moyens, dans l'intégration des sections de technicien supérieur. C'est une préoccupation des deux ministres de tutelle - Geneviève Fioraso et Vincent Peillon – mais aussi une demande sociale forte de la part des élèves.
Comment allez-vous vous y prendre concrètement pour encourager les bacheliers professionnels à continuer en BTS ?
Nous allons travailler en amont dans le cadre de l'accompagnement personnalisé des élèves de terminale, et en aval au niveau des lycées afin que ces bacheliers soient bien accueillis en BTS. Nous communiquerons des pistes de travail aux chefs d'établissement concernés entre fin mars et fin mai. Il faut fixer un objectif, puis laisser les acteurs de terrain trouver les meilleures voies d'action possibles.
Il existe déjà des formules d'accompagnement très opérantes. Certains établissements de l'académie (Réaumur à Laval, Aristide Briand St Nazaire, Chevrollier à Angers) abritent déjà un pourcentage d'étudiants venus de lycées professionnels supérieur à la moyenne et obtiennent des résultats très corrects aux examens.
Et concernant les lycéens dans leur ensemble ?
Nous allons adopter la même démarche. Comme j'ai l'habitude de le faire une fois par an, je vais aller passer en avril une journée dans chacune des trois universités de l'académie afin de faire le point sur les initiatives existantes et discuter avec les personnels. Je sais qu'il existe déjà un travail de sensibilisation et d'information des élèves de première et de terminale important, qu'il va falloir renforcer à partir de la rentrée prochaine. En tant que chancelier des universités, je suis là pour accompagner et coordonner, mais chaque université est libre de mettre en place ses propres actions.
Nous allons concentrer une partie de nos efforts sur les bacs pro, afin d'accompagner ceux qui le souhaitent et en ont les moyens, dans l'intégration des sections de technicien supérieur.
Quelles sont vos autres priorités pour les mois à venir ?
D'ici septembre 2013, nous allons élaborer le nouveau projet académique. Nous allons travailler sur la base de l'évaluation du projet précédent, en renforçant les actions particulièrement intéressantes mises en place par exemple dans le cadre de l'ENT (Espace numérique de travail). Je tiens à affirmer d'une part la nécessité de conforter la réussite des élèves, et d'autre part de ne laisser personne au bord du chemin. Une académie qui fonctionne bien doit veiller à la réussite de tous. C'est un concept auquel je suis très attaché. Nous soumettrons une première trame du projet académique à l'ensemble des acteurs (parents, enseignants, etc.) d'ici fin avril. Ensuite, il faudra le « muscler » par des actions concrètes.
Certaines universités sont confrontées à des difficultés financières. Est-ce le cas dans l'académie de Nantes ?
Le recteur est tenu d'intervenir dans le suivi du budget des universités, et dans son établissement, si l'université rencontre deux exercices déficitaires consécutifs. J'ai été conduit en février 2013 à exercer cette mission à l'université d'Angers qui avait fini dans le rouge les exercices 2010 et 2011. Nous avons travaillé de manière approfondie en lien étroit avec l'université et la DGESIP (Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle). Le budget 2013 adopté en février par le conseil d'administration de l'université (144 millions d'euros) prévoit un plan de retour à l'équilibre sur 3 ans fondé sur une série d'économies.
Comme ses deux homologues, elle pourra compter sur le soutien de la Région Pays-de-Loire qui s'est engagée à verser une subvention pour 2013 aux trois universités sur des projets importants comme l'informatique et l'immobilier (700 000 euros pour Angers, 1,4 million d'euros pour Nantes et 300 000 euros pour l'université du Maine).
L'ESPE sera portée dans l'académie par l'université de Nantes.
Autre gros chantier national : la mise en place des ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation). Où en êtes-vous ? Pensez-vous tenir le calendrier ?
Cela se passe bien, et j'ai n'ai aucun doute sur le fait que nous parviendrons à tenir le calendrier. Je sens un vrai engagement des présidents d'université de l'académie sur le dossier de la formation des enseignants. Ils ont conscience de son importance et c'est essentiel.
L'ESPE sera portée dans l'académie par l'université de Nantes. Dans un souci de lien Education nationale-enseignement supérieur, j'ai choisi de ne pas nommer un, mais deux chefs de projets : Christophe Rehel, le doyen des IA-IPR et Michel Heichette, l'actuel directeur de l'IUFM. Le groupe de travail est composé pour moitié de représentants des universités (présidents, vice-présidents, etc.) et de représentants de l'employeur Education nationale (recteur, GRH, encadrement). Il est encore trop tôt pour dire qui sera l'administrateur provisoire. Mais je le répète, nous serons prêts pour la rentrée.
Nous avons également construit un calendrier de travail avec des groupes qui planchent sur les différents aspects afin de retourner dans les temps le dossier pour le 15 mai. Le conseil d'administration de chaque université devra statuer avant le 31 mai.