J'ai testé les cours de journalisme de Facebook
Facebook lance une "formation en ligne destinée aux journalistes" qui vise essentiellement à faire employer ses outils (Live, Instant Article) au quotidien. Retour d'expérience.
Du journalisme made in Facebook. C'est ce que propose le réseau social de la Silicon Valley en ouvrant, le 27 octobre, une formation gratuite en ligne destinée aux journalistes ou à ceux désirant le devenir.
Ces cours, qui prolongent l'offensive du géant du Net dans le monde du e-learning, est incorporé au module Blueprint, son programme de formation, où l'on peut également consulter des tutoriels sur le marketing ou les stratégies de commercialisation.
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Étudiants, jeunes pigistes ou journalistes confirmés peuvent d'ores et déjà accéder à quatre chapitres en langue anglaise – par exemple "Comment les journalistes pourraient mieux utiliser Facebook ou Instagram" – qui se dédient tous à apprendre comment utiliser les outils de Facebook dans le travail journalistique, plutôt que le journalisme en tant que tel.
C'est même le leitmotiv. Le réseau social entend démontrer que les réseaux sociaux sont indispensables "pour survivre dans la jungle du journalisme en ligne en 2016", comme le résume le site Mashable. À travers les cours, composés de petites capsules de 4 à 6 minutes chacune, qui alternent vidéos d'illustration, photos et textes explicatifs, le primat est donné aux compétences en social media.
Collecter l'information via la barre de recherche Facebook
La deuxième pastille du premier chapitre enseigne par exemple comme glaner des informations. Facebook offre à tous la possibilité de sonder toutes les publications parues dans ses pages, à tous les endroits de la planète, à travers un historique ou en instantané si besoin. Une profusion de "posts, images et vidéos [qui] peuvent être valorisants pour les journalistes", fait savoir le réseau social.
Cette collecte d'informations s'effectue par le biais de la barre de recherche, laquelle est farcie d'options pour affiner la recherche : localisation, date, mot-clé. À la condition que votre Facebook soit paramétré en langue anglaise (Paramètres > Langue).
La version anglaise de la barre de recherche Facebook permet de sonder tout ce qui est publié sur Facebook. //
© Facebook/Capture d'écran
Témoignages de manifestants à Reno (États-Unis), images d'attroupements à Kaboul... Ce qui est publié sur Facebook devient le terrain d'enquête. "Les gens prennent chaque jour des contenus à valeur journalistique sur leurs téléphones et les relaient sur Facebook", justifie Facebook.
Se rapprocher de l'audience, s'éloigner du terrain
Du côté des outils à prendre en main, est présenté Facebook Live Map, une carte qui géolocalise toutes les vidéos diffusées en direct dans le monde – via Facebook Live. Une manière d'assister aux événements marquants derrière son écran. Depuis la "jungle" de Calais par exemple, partiellement évacuée, cette vidéo est émise en direct le 27 octobre par l'agence berlinoise Ruptly :
Sur la carte Facebook Live sont accessibles les diffusions de vidéos en direct géolocalisées. //
© Facebook/Capture d'écran
"S'engager" avec son audience
Quant aux journalistes se rendant sur le terrain, ils sont incités à filmer leur reportage en temps réel. Le but : "se connecter et s'engager avec son audience", comme les y convie le deuxième cours consacré à Facebook Live. Une fois l'outil pris en main (appuyer sur "Live Video" au moment de poster), ils peuvent alors filmer des images "imprédictibles et excitantes" : soi-même en selfie, ou les coulisses de son reportage ! De quoi, estime Facebook, bâtir sa popularité en ligne mais surtout piquer la curiosité des lecteurs. "Les gens peuvent être fascinés par le processus de collecte d'informations", affirme ainsi la société américaine, qui espère bien convaincre ses apprenants avec une FAQ touffue.
Dans cette panoplie à usage du journaliste 3.0, se greffe une liste des meilleures pratiques à adopter (penser à son audience, laisser les internautes poser des questions, discuter avec son spectateur) et des exemples réussis en ce sens, qui illustrent la préoccupation de faire de son reportage de terrain un spectacle interactif.
À travers Facebook Live, ce journaliste a annoncé que sa couverture de l'actualité ne se ferait pas en direct à la télévision, mais sur Facebook. // © Facebook/Capture d'écran
Facebook souhaite même laisser le spectateur participer au reportage : "Demandez à votre audience de soumettre des questions via la section commentaires de sorte que vous ayez une série de sujets desquels parler", ajoute ainsi le tutoriel.
Julien Kostrèche, co-directeur de Ouest Médialab, un cluster d'acteurs du journalisme et du numérique, pointe les limites de l'initiative : "Les cours de Facebook sont très centrés sur leurs outils. Ils n'ont pas vocation à former au métier : rien ne vaudra l'expérience d'un professionnel du journalisme." Reste que, selon lui, se former à ces techniques "devient indispensable pour les journalistes, car il y a une forte demande pour que les équipes soient formées aux médias sociaux."