Édition : des métiers toujours à la page
Secteur en pleine transformation, bouleversé par les nouveaux usages liés au numérique, l'édition suscite toujours autant de vocations. Si pour le métier d'éditeur les élus sont peu nombreux, des opportunités sont à saisir sur d'autres postes moins mis en lumière.
On ne peut pas dire qu'en volume le secteur de l'édition soit un important pourvoyeur d'emplois. "Selon notre dernier bilan social, quelques mille embauches ont été réalisées en 2015 ", souligne Axelle Chambost, chargée de mission à la commission sociale du Syndicat national de l'édition (SNE). "Les entreprises répondantes représentent environ 10.000 salariés dans un secteur qui en compte 17.000, ce qui donne une idée." Un "petit" secteur d'activité donc, où les places sont chères et convoitées, tant l'univers du livre fait rêver !
"La moyenne d'âge est élevée, les départs en retraite déclenchent, quoi qu'il en soit, des embauches", nuance Axelle Chambost. De fait, le secteur connaît une pyramide des âges vieillissante. Selon le dernier rapport social du SNE, les plus de 45 ans représentent 37 % des employés, 38,5 % des techniciens et agents de maîtrise et 46 % des cadres.
La fabrication, un vivier d'emplois
En nombre de recrutements, et donc en termes d'opportunités d'emplois, certains postes sont plus à viser que d'autres ! À commencer par les métiers de la fabrication. "La fabrication, c'est un métier en lien avec tous les services chez un éditeur : veiller à ce que les pages soient bien cadrées à l'impression, que le papier et l'encre soient respectueux de l'environnement, que les livres jeunesse répondent aux normes de sécurité et de santé pour les enfants, relève par exemple de cette fonction !", explique Axelle Chambost.
Appelé technicien de fabrication ou chargé de fabrication en fonction de la taille de l'entreprise, le premier niveau de poste pour intégrer ce métier exige un diplôme de type bac+2. "Le BTS édition, le BTS communication, ou encore le BTS communication et industries graphiques conviennent parfaitement." Des formations qui existent souvent en alternance, un mode très adapté pour les entreprises du secteur.
"Les nouveaux produits autour du livre, comme les coffrets cadeaux, par exemple, impactent ce métier et peuvent le rendre plus attractif", ajoute Aymeric Vincent, directeur Talents et développement RH du groupe Editis, mastodonte du secteur. À terme, un chargé de fabrication peut passer cadre de fabrication, puis directeur de fabrication (ou "directeur de production").
Commercial et marketing en vogue
Autre domaine dans lequel les offres d'emploi sont plus importantes en volume, les métiers du commercial. Les éditeurs scolaires, qui produisent en fonction des programmes les manuels destinés aux établissements d'enseignement, embauchent des "délégués pédagogiques". "C'est un commercial qui se déplace dans les établissements pour rencontrer les équipes, convaincre les enseignants, les parents d'élèves", explique Axelle Chambost.
Un quotidien loin de celui des commerciaux "classiques", appelés "représentants", qui travaillent en direct avec les libraires. "Là aussi il y a une variété dans la façon d'exercer le métier : ce n'est pas pareil de démarcher les librairies des centre-ville ou la grande distribution !" Pour ces postes, un niveau supérieur de diplôme est requis ainsi qu'une bonne connaissance du monde de l'édition et de ses enjeux économiques. "Les masters métiers du livre et de l'édition sont recommandés !" Les diplômés d'école de commerce se dirigeront donc plutôt vers les métiers du marketing, très présents dans l'édition d'aujourd'hui.
Éditeur, un métier qui évolue
De fait, le métier d'éditeur, qui reste prisé des jeunes, a beaucoup évolué. "On peut distinguer les personnes qui travaillent avant tout sur les textes, et celles qui vont chercher des auteurs pour leur commander des livres, en ciblant beaucoup plus les lecteurs, indique Aymeric Vincent. D'un côté on a les éditeurs de production, de l'autre, les éditeurs d'acquisition, dont la démarche se rapproche de celle du marketing." Du coup, contrairement à une certaine époque, un master en sciences humaines ne suffit plus pour devenir éditeur, si l'on vise un poste dans un grand groupe intégrant cette dimension "marketing".
Travailler dans l'édition renvoie in fine à des réalités différentes, et très contrastées, notamment en termes de rémunération, en fonction de l'entreprise dans laquelle on est embauché. Les grandes entreprises de l'édition concentrent aujourd'hui la majorité du chiffre d'affaires du secteur, tandis que les petites maisons d'édition restent majoritaires en nombre.
"Une petite structure comme la mienne a besoin de beaucoup de souplesse, souligne Guillaume Allary, président d'Allary Editions, éditeur par exemple de Riad Sattouf, nous avons quatre salariés et pour le reste, à savoir la gestion des droits étrangers, les relations médias, la maquette, nous travaillons avec des freelance." Un mode de fonctionnement rendu possible par le développement du numérique, qui permet de compter sur des professionnels éloignés géographiquement les uns des autres.
Le numérique ouvre également de nouvelles perspectives en termes d'emplois. "La digitalisation permet d'attirer des profils qui ne veulent pas forcément travailler dans l'édition à l'origine, commente Aymeric Vincent d'Editis. Les enjeux sont passionnants : comment touche-t-on le lecteur avec ces nouvelles technologies à disposition ? L'édition est ici en concurrence avec tout ce qu'on trouve sur le Web, et c'est un défi." De quoi faire évoluer encore les métiers.
Un forum des métiers au salon du livre de Paris
Lors du salon du livre de Paris, du 24 au 27 mars 2017, se tiendra un forum des métiers pour vous faire découvrir les métiers de l'édtion.