Comment développer des modèles économiques innovants permettant d'améliorer la vie de campus ? C'est pour répondre à cette question que la CPU (Conférence des présidents d'université) et la Caisse des dépôts publient, vendredi 9 décembre 2016, une étude réalisée par le cabinet de conseil Sémaphores. Celui-ci répertorie douze initiatives.
Malgré de fortes spécificités locales, ces douze exemples attestent "d'une dynamique d'ouverture du campus sur le monde extérieur et d'une tendance à ouvrir l'usage des équipements à des personnes extérieures à l'université", écrivent les auteurs du document. Un moyen "d'améliorer l'attractivité et l'image de l'université"et "d'optimiser et rentabiliser ces équipements".
Néanmoins, est-il précisé dans l'étude, "cette ouverture s'accompagne le plus souvent d'une logique économique nouvelle, supposant d'entrer dans une logique de vente de biens et de services." Conséquence directe, malgré le maintien de "tarifs préférentiels pour les étudiants et les personnels universitaires (...) la gratuité de ces services reste très exceptionnelle pour les membres de la communauté universitaire."
Autre précision préalable mise en avant dans le document : les universités citées se caractérisent par "une autonomie plus poussée que les universités françaises, une maîtrise totale de leur patrimoine immobilier, et, en ce qui concerne les universités publiques, une tutelle plus éloignée de celle de l'État français". Autant d'éléments leur conférant "une agilité favorisant les initiatives et leur succès."
À Laval (Canada), un réseau de santé créé par l'université
Parmi les innovations en santé, l'université de Laval (Canada) est mise en avant pour avoir créé un réseau de santé avec une tarification préférentielle pour les étudiants. Dans ce cadre, les étudiants peuvent être pris en charge "à 100 % dans le réseau contre 70 % à 80 % dehors". Particularité : la plupart des services sont ouverts au grand public, sauf la clinique médicale, réservée à la communauté universitaire.
Le modèle économique est basé sur une tarification progressive et différenciée selon le statut du patient (étudiants membres de l'université de Laval, étudiants non membres, personnels de l'université et grand public). Une partie du financement est également assurée par des subventions de la fondation de l'université (campagnes de donation) et par le fonds d'investissement étudiant.
Les économies réalisées par les étudiants sont particulièrement importantes en matière de soins dentaires : "les tarifs sont annoncés comme étant 30 % à 50 % inférieurs à la moyenne des tarifs dans le privé" et "la couverture se fait à hauteur de 70 % à 100 %, grâce au réseau santé propre à l'université Laval et au régime étudiant."
Selon l'étude, l'ouverture des services au grand public apporte "une valeur ajoutée à la formation des étudiants en médecine et bénéficie à la population locale." Une démarche "particulièrement positive en termes d'image", témoignant de l'intégration de l'université dans la ville.
À Aalto University (Finlande), Une Design Factory
Dans la catégorie "faire du campus un lieu de services économiques et d'innovation", l'université Aalto en Finlande se distingue. Cette petite université publique de 20.000 étudiants a créé la Design Factory, une "plateforme de cocréation", visant à améliorer "les synergies entre l'université et le monde l'entreprise."
Concrètement, la plate-forme propose "des cours et ateliers d'expérimentation et de cocréation" pour les étudiants. Répartis en 15 équipes, 10 étudiants travaillent pendant un an sur un problème posé par une entreprise, et leur proposer des produits innovants et commercialisables. Chaque groupe est encadré par un universitaire et un salarié de l'entreprise. Des espaces de coworking sont également ouverts aux étudiants, chercheurs et entreprises partenaires de l'université.
Le modèle repose sur un financement public‐privé, dont l'essentiel des fonds provient de l'université d'Aalto. Les fonds privés sont de deux types. Deux partenaires principaux ont en échange de leur contribution un accès illimité (24 heures sur 24, 7 jours sur 7) aux infrastructures et ressources de la Design Factory. Parallèlement, les entreprises (Nokia, Airbus...) participant aux ateliers de cocréation paient un ticket d'entrée (15.000 euros) pour un budget approximatif de 300.000 euros annuels.
À Cornell (États-Unis), un campus ouvert été comme hiver
Enfin, l'université de Cornell a décidé d'ouvrir son campus universitaire durant les périodes estivale et hivernale à tous les publics (parents et enfants, professionnels).
"Les différents programmes, tels que les "summer sessions" développés par l'université de Cornell, illustrent la manière dont les universités peuvent maximiser l'utilisation des campus durant les périodes de vacances scolaires universitaires, tout en préservant une logique socio-éducative." Une démarche qui implique aussi "des coûts de fonctionnement supplémentaires, avec la présence continue de personnels", coûts, in fine, "largement couverts par les recettes".
Parmi les programmes proposés, des "summer sessions", des cours de "haut niveau" dispensés par des professeurs issus de l'université, ou encore des programmes destinés aux enfants sur le campus.
Le modèle économique repose sur une tarification différente selon le profil des personnes (étudiants de l'université ou extérieur, non étudiants, enfants...) et les activités choisies.
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