Un établissement unique pour janvier 2015. L'objectif paraît aujourd'hui bien difficile à atteindre. Fin novembre 2013, à la demande de la Direction générale de l'armement (DGA), François Lureau, président du cabinet de conseil en stratégie EuroFLConsult et membre du conseil d'administration de l'X de 2004 à 2013, rédigeait un rapport dédié au rapprochement institutionnel entre Polytechnique et l'Ensta ParisTech. Dans ce document, cet ancien polytechnicien (X63) préconisait la voie de la fusion mais aussi une gestion rapide du dossier, pour éviter de prolonger "inutilement une phase d'incertitude préjudiciable aux deux institutions".
Depuis, les discussions entre les deux établissements se poursuivent, certes, mais à un rythme lent, sans qu'aucun calendrier précis n'ait été arrêté. A tel point que les syndicats en viennent à se demander si les directions veulent vraiment que ce rapprochement se concrétise...
Un concertation pour identifier les complémentarités
Fin mars 2014, l'Ensta ParisTech a accuelli à la tête de son conseil d'administration un nouveau président. Depuis plusieurs mois, l'école connaissait une vacance du poste, suite à la fin du mandat de Dominique Mockly. L'arrivée de Didier Brugère, directeur des relations institutionnelles de Thalès, X73 et passé par l'Ensta pour son école d'application, pourrait bien relancer le dossier.
Mais à l'heure actuelle, la seule échéance mène à l'été 2014 : à cette date, plusieurs schémas de rapprochement devront être élaborés par les deux écoles. Si la fusion reste une piste envisagée, elle est loin d'être la seule. Le terme est même savamment banni des conversations. "Pour le moment, nous sommes toujours en phase de concertation, explique Elisabeth Crépon, directrice de l'Ensta ParisTech. Nous sommes en train de consulter nos personnels, enseignants-chercheurs, élèves et diplômés, car l'objectif est d'identifier de façon précise les synergies que nous pouvons développer de façon forte avec Polytechnique, notamment en termes de recherche et de formation."
Les syndicats en viennent à se demander si les directions veulent vraiment que ce rapprochement se concrétise...
"Pas un dossier critique pour Polytechnique"
Si du côté de l'Ensta, l'heure est aux discussions, à Polytechnique, le sujet n'est pas prioritaire. "Le personnel est tenu informé dès qu'il y a des avancées significatives, mais le rapprochement ne constitue pas un dossier critique pour Polytechnique", concède Jacques Biot, président exécutif de l'X. Nous considérons que cette opération de rapprochement a du sens mais elle doit se réaliser dans de bonnes conditions de consensus. Il est indispensable de définir en commun les stratégies et les modalités pratiques. Et pour cela, il faut se donner le temps." Un discours qui pourrait rassurer les syndicats, qui craignaient la mise en place d'un calendrier très serré.
Le personnel reste inquiet
En outre, malgré les propos apaisants des directions, les personnels restent sur leur garde, surtout du côté du "petit poucet" Ensta. "Entre décembre et mars, nous n'avons eu aucune nouvelle concernant le rapprochement, constate un syndicat. Même si nous participons à la collecte des idées, nous n'avons à ce jour aucune garantie sur la manière dont elles seront reprises".
Dans les deux écoles, les craintes se cristallisent autour de la possible réduction des effectifs qui émanerait du rapprochement. "Dans un contexte de crispation budgétaire, nous resterons vigilants sur ce point, affirme un salarié de l'X. Un tel projet de mutualisation ne se décrète pas, il se réfléchit et demande une réflexion sur le long terme, qui ne peut pas se faire avec moins de personnel."
Un temps annoncée pour janvier puis avril 2014, l’Université Paris-Saclay – dont Polytechnique et l'Ensta ParisTech seront membres – devrait finalement voir officiellement le jour à l’automne. En visite à l’Ecole polytechnique le 23 avril 2014 où elle participait à la pose de la première pierre des futurs laboratoires de l’établissement, Geneviève Fioraso a avancé cette échéance, rappelant que les statuts étaient "en cours de finalisation".
Fin janvier 2014, la FCS (Fondation de coopération scientifique) Campus Paris-Saclay proposait une première mouture des statuts et du règlement intérieur de la future institution. Une version refusée par les comités techniques de certains établissements partenaires.
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a quant à lui apporté quelques modifications au texte. Les acteurs du dossier attendent actuellement une troisième version du texte, qui devra être validée avant la fin du mois de juillet.
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