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La vidéo à la demande conquiert l'université

Philippe Bohlinger - Mis à jour le
La vidéo à la demande conquiert l'université
Depuis septembre 2016, l'UPMC expérimente dans cinq amphithéâtres le système multicaméra d'Omnilive. // ©  Omnilive
L'université de Lorraine et l'UPMC testent actuellement des solutions vidéo entièrement automatisées pour capter et diffuser des enseignements en direct ou en vidéo à la demande. Ces techniques cumulent coût avantageux et facilité d'emploi.

À l'instar du professeur Bruno Dondero, qui utilise son smartphone pour filmer et diffuser sur Facebook Live un cours de droit à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, les établissements d'enseignement supérieur expérimentent de nouvelles technologies pour simplifier l'enregistrement et la diffusion au quotidien des savoirs en direct ou en VOD (vidéo à la demande).

Un moyen simple de créer des contenus

L'université de Lorraine a signé début avril 2017 un protocole d'accord en ce sens pour équiper des salles de TD avec la solution entièrement automatisée proposée par la start-up CitizenCam. Plusieurs dizaines de salles pourraient être aménagées en fonction des besoins de l'université.

Parallèlement, depuis septembre 2016, l'UPMC (université Pierre-et-Marie-Curie) expérimente dans cinq amphithéâtres le système multicaméra d'Omnilive, qui équipe depuis deux ans le MIT (Massachusetts Institute of Technology). "Avec l'émergence des Mooc et les avancées des protocoles techniques de compression d'images, la vidéo est devenue un moyen simple de créer des contenus", résume Rafael Cabrera, en charge des usages du numérique à la direction du numérique de l'université de Lorraine (UL).

En France, l'équipement des salles de cours a été notamment favorisé par l'appel à projets CréaMOOCs, lancé en 2014 par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Une solution contre les amphis bondés ?

Sur le plan pédagogique, ces technologies audiovisuelles permettent aux étudiants de revoir certaines séquences incomprises du cours en sélectionnant leur angle de vue ou, s'ils étaient absents, de regarder le cours en intégralité. Selon Philippe d'Arco, professeur d'université à l'UPMC et responsable du service général des Tice (technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement), elles offrent aussi l'avantage de "restituer l'ambiance du cours qui est plus vivante qu'une séquence enregistrée par un enseignant sur un fonds vert avec un prompteur face à lui".

Pour Rafael Cabrera, elles pourraient même constituer une solution aux bancs surchargés de première année de licence : "Plus les enseignants-chercheurs sont contraints d'assumer des cours dans des conditions peu satisfaisantes, plus l'intérêt grandit pour les solutions de pédagogie inversée, où les étudiants préparent les cours en amont avec la vidéo."

Avec le système multicaméras, l'étudiant peut choisir l'angle de vue du cours quand il le visionne.

Une utilisation peu contraignante pour l'enseignant

À l'université de Lorraine, deux premières salles de TD vont être dotées d'ici à la rentrée de dispositifs à deux caméras. La première capte les allées et venues de l'enseignant, la seconde est tournée du côté des élèves pour enregistrer les interactions. Les flux sortant de l'ordinateur du professeur sont également capturés : projection, contenus pour tableau interactif, etc. "L'utilisation reste peu contraignante pour l'enseignant : il accède à l'enregistrement vidéo avec sa carte-clé, branche son ordinateur à une prise murale et déclenche la prise de vue au début du cours. À l'issue, il intègre un lien vidéo sur l'espace numérique de travail, ce qui génère un cours vidéo", détaille Bertrand Petat, président de CitizenCam.

Les amphithéâtres de l'UPMC ont été équipés de leur côté de quatre caméras : une suit l'enseignant, une filme l'amphithéâtre dans sa globalité, deux autres les tableaux latéraux. Cyril Zajac, président d'Omnilive, insiste sur l'aspect économique de ces solutions : "Auparavant, le tournage à plusieurs caméras était coûteux et nécessitait un personnel technique qualifié pour effectuer la postproduction [montage], ce qui limitait le nombre de cours mis en ligne. Omnilive résout l'équation des coûts de postproduction et des délais de mise en ligne."

Sur le plan technique, la qualité sonore serait un élément déterminant. Elle doit être "irréprochable", insiste le président de CitizenCam. Côté vidéo, Philippe D'Arco estime qu'il n'y a pas de plus-value à augmenter la définition car "l'intérêt est de pouvoir encoder pour une consultation sur smartphone".

20.000 euros par salle

L'université de Lorraine considère ce nouveau service comme complémentaire de son offre de multidiffusion de la Paces (première année commune aux études de santé) et de son "studio-professeur", une salle d'enregistrement où les enseignants créent leurs propres ressources pédagogiques. "Notre stratégie est d'utiliser l'audiovisuel à plusieurs niveaux de service, décrit Rafael Cabrera. L'accord-cadre avec CitizenCam correspond à une utilisation au quotidien, avec un ratio intéressant entre le coût global et la qualité de la prestation." L'UL déplore toutefois n'avoir eu que deux candidatures à son appel d'offres. Elle va dépenser 20.000 euros pour équiper chaque salle.

Côté UPMC, après un semestre de rodage, la solution Omnilive est opérationnelle. Pour Philippe d'Arco, l'enjeu est maintenant de démocratiser l'usage de ces nouvelles technologies en dépassant le seuil d'une demi-douzaine d'enseignants utilisateurs

Philippe Bohlinger | - Mis à jour le