Pour 20 % des Français, l'enseignement supérieur doit être une des priorités du prochain quinquennat. À l'inverse, 72 % jugent qu'il s'agit d'un "sujet important mais non prioritaire" et 8 % l'envisagent uniquement comme "un enjeu secondaire". Ces chiffres sont issus d'une publication du cabinet d'études Elabe, dévoilée lors d'une conférence-débat de la Fesic (Fédération d'établissements d'enseignement supérieur d'intérêt collectif), organisée le 9 mars 2017.
Des données que Bernard Ramanantsoa, invité de la conférence, juge inquiétantes. "C'est dramatique que l'enseignement supérieur ne soit pas davantage vu comme un enjeu prioritaire, car nous préparons un avenir à nos enfants", lance-t-il.
Inquiétude également sur un autre chiffre de l'enquête : 55 % des sondés ont le sentiment que la qualité de l'enseignement supérieur s'est dégradée depuis ces dix dernières années, contre 7 % qui jugent qu'elle s'est améliorée.
Jean-Philippe Ammeux, président de la Fesic, confirme ces données. "Nous allons accueillir au moins 335.000 étudiants supplémentaires dans les dix années à venir. Un étudiant coûte environ 12.000 euros par an, il faut donc 4 milliards d'euros pour les accueillir de manière équivalente ! C'est un vrai sujet, car l'État n'aura probablement pas les moyens de financer tout cela. C'est un défi qualitatif, social et démocratique, pour lequel il faudra des solutions audacieuses", alerte le président de la fédération.
Des dépenses publiques "utiles et justifiées"
Les dépenses publiques pour l'enseignement supérieur et la recherche sont jugées justifiées et utiles pour la société française, malgré tout. Alors que près de 7 % du budget annuel de l'État est consacré au secteur, 86 % des Français sont convaincus de l'utilité d'investir dans les universités, les écoles et les organismes de recherche. Et ils ne sont que 12 % à penser que les dépenses dans le secteur "représentent un coût trop important" pour la société.
Parmi les autres chiffres forts de l'étude : 87 % des interrogés jugent que l'enseignement supérieur est "indispensable au développement de la recherche en France", 73 % qu'il "dispense des formations de bonne qualité", 69 % qu'il "favorise l'ouverture d'esprit et l'ouverture sur le monde" et 62 % qu'il "contribue au rayonnement de la France à l'étranger".
Des enseignements "trop théoriques"
Le cabinet Elabe a également demandé aux sondés le sujet qui leur paraît "le plus important aujourd'hui pour l'avenir de l'enseignement supérieur en France". Les premières réponses : "l'insertion professionnelle des étudiants", "le financement des études" et "le caractère trop théorique des enseignements dispensés".
Ce dernier point a été notamment souligné par Olivier Babeau, professeur à l'université de Bordeaux : "À l'université, les enseignants font les cours dont ils ont envie, pas forcément dont les étudiants ont besoin. Or, c'est cette dernière direction qu'il faudrait prendre. D'un autre côté, les étudiants doivent aussi être responsabilisés dans la construction de leur démarche et de leur cursus."